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Dans un décor virginal, aux prémisses de l'Humanité, une Eve tout de blanc vêtue questionne son Adam. « Je ne comprends pas pourquoi on est condamné à être ensemble ? ». Pauvre elle, pauvre lui errant sur leur ring désert face au vide crée par leur tandem voulu par un soi-disant Dieu. Pauvre nous, spectateurs et cobayes, condamnés une nouvelle fois à entendre que les histoires d'amour finissent mal en général. Secret pour personne dans la salle, l'amour est un combat perdu d'avance, alors à quoi bon débattre une nouvelle fois ? A quoi bon accepter de se foutre à terre une nouvelle fois sur l'autel de nos illusions perdus ? Pour réviser ses classiques, voyons. Des classiques déjà joués. Et rejoués tôt ou tard.

 

Au Théâtre du Petit Saint-Martin, Ring démontre que l'amour n'a toujours pas connu de loi. A travers 18 scènes de couples, l'auteure Léonore Confino transforme la scène en laboratoire sur nos comportements en matière d'amour. De l'origine mythique du couple à la rencontre, en passant par l'infidélité, la drague, l'arrivée de l'enfant, la complicité et les blessures infligées, la scène est un lent travelling sur le sentiment amoureux de son début à sa fin. Une piste de danse, un ring pour match de boxe. Entre la sensualité et la violence, en matière d'amour, il n'y a qu'un pas. Qu'un geste, qu'un mot sur le point de basculer du côté obscur des sentiments. Une danse tantôt sensuel tantôt macabre entre lui et elle, entre deux inconnus, deux futurs amants, deux amoureux. Les deux en question, lui et elle, Audrey Dana et Sami Bouajila, sont branchés sur 100 000 volts pour incarner les montagnes russes qu'infligent l'amour. Complicité éclatante et désir d'en découdre avec le sujet éclatent à chaque nouvelle situation. Désirables ou minables comme les acteurs du couple, ils arrachent larmes – cette scène où Audrey Dana aime en secret son ami, où elle l'aime « sans pause » - et mépris – les séquences de drague hillarantes de Sami Bouajila. Le meilleur et le pire de nous se projettent en eux. Ensemble ou séparés, ils brandissent ce miroir salutaire pour nous. La vérité criante en face à face. Tête à tête déconcertant. Sentiment aidé par une immense surface blanche se propageant du sol au mur, décor immaculé, qui pourrait être le notre.

 

Si le texte diablement acide ré-enseigne des idées bien préconçues, le jeu de ces deux acteurs – trop rares au cinéma – ne sombre jamais dans la caricature facile d'un amour facilement critiquable. Les questions soulevées par un jeu d'acteur brillantissime sont attrapées au vol, comme des questions philosophiques à méditer sur soi et les autres. La force de ces saynètes prouve que rien n'est jamais acquis dans ce combat permanent. En prenant à bras le corps ces clichés à travers rire, désir, effroi et tendresse, Ring percute le peu d'estime qu'il nous reste sur le sentiment amoureux.

 

Ring : l'amour est un combat... perdu d'avance
Tag(s) : #Ring, #théâtre, #théâtre petit saint martin, #amour, #Léonore Confino, #Audrey Dana, #Sami Bouajila
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