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Personne n'en parle, ou presque. Mis à part les fans sur les réseaux sociaux et quelques rapides papiers sur le Web, il n'y a rien dans les grands médias (mis à part L'Express), personne n'annonce l'annonce du retour du poète. Personne n'annonce son annonce mi mélancolique mi drolatique. Personne n'annonce son mini buzz bien envoyé. Personne n'a envie d'un vent de révolte et de liberté supplémentaire dans un mois de juin gris et endeuillé. Un petit buzz de Saez est tellement moins sexy que celui d'une Queen B. La colère chorégraphiée d'une nana qui prend son sexe en main est pourtant tout aussi utile que la colère d'un poète qui se fait discret dans un monde qui a horreur de la discrétion. A 20 ans, il est conseillé et acceptable de cracher son venin à la face du monde. A l'aube de la quarantaine, il semblerait que ça ne soit plus permis, ça suscite la raillerie, ou du moins l'inintérêt. Le culte de la jeunesse et de sa révolte habituelle est périmée aux yeux de tous. Alors on passe sous silence l'annonce du retour et de la probable révolte qui va l'accompagner.

 

Saez refuse d'entrée dans la farandole, le cirque classique du show, de la promo. Il invente son propre langage. Mutisme, ni dieu, ni maître, tel est son credo. Le mutisme dure trois ans chez ce clown triste. Après avoir donné rendez-vous à son public le 16.06.2016 à 20 heures via sa page Facebook, il a joué les sales gosses et balancé au compte gouttes des indices, des mensonges, de la mélancolie, une larme de whisky et puis un mini film en noir et blanc le soir du rendez-vous, à 22 heures tapantes. Son cirque bien à lui a récolté un nombre de likes impressionnant, partages et commentaires amourachés à sa cause. Les textes sur fond noir diffusés ce soir-là disaient entre autres : je partirai bien en campagne/ en mars/ tournée prochaine mars, avril/ je sais, c'est loin mais tant de choses avant, y'en a qui travaillent/ c'est fou ça commençait entre nous il y a 16 ans/ j'vais verser ma larme de whisky/ allez ça suffit jeunesse, faut jamais croire les réseaux sociaux, quand ils disent que c'est l'aube c'est le crépuscules/ http://www.culturecontreculture.fr/

Saez, éternel manifestant

 

Ce lien est celui d'un mini film en noir et blanc de plus 8 minutes, auquel on ne donne pas d'âge. Mis à part peut-être celui du muet, de la poésie d'un mime venu sur terre dire sa tristesse de la voir si absurde et guerrière. Au départ il y a ces/ ses mots sur fond noir « A l'heure des guerres des champs d'horreur, faire de la terre des champs de fleurs ». Un bord de mer s'esquisse alors et s'anime en noir et blanc et devant lui des fleurs plantées dans le sable résistent aux bourrasques de vent. Notre Charlot moderne apparaît, le visage grimé on le reconnaît pourtant. Il plante des fleurs au fur et à mesure que ses mots défilent alignés les uns après les autres tels des vers. Ils disent des choses comme : « De mot en mot, de frère en frère, peuple résistant part en guerre comme un pinceau peindrait la terre, comme un mime vous fait d'un cimetière, un jardin, un puits de lumière ». Il y a des « Marées d'écume » là dedans, du « Quand on perd son amour », du « Tout est noir », du « J'accuse », du « Cavalier sans tête ». Dans ce tableau de maître, il y a seize ans. Seize ans de résistance à faire de la musique, de la chanson, de l'art comme peu en font. Il dit, il promet « ici les mots sont le sacré, ici 16 ans après je suis le dernier, des résistants sur le bûcher, crois-moi mon frère je combattrai contre vent et marées ». C'est grandiloquent pour ceux qui n'ont pas l'amour du mot, de la poésie, de la révolte, de l'éternelle jeunesse. C'est précieux pour ceux qui ont tous ces amours en eux. Le film se boucle sur ce visage dont on connaît l'identité, mais dont ignore l'âge. Est-ce le Saez à la gueule d'ange d'hier ou celui d'aujourd'hui ? On y croirait presque. Le film se boucle sur ce gros plan, d'un regard vers l'horizon et ce mot « Le Manifeste » ainsi que deux dates : 31 juillet 2016/ 31 juillet 2017.

 

Les vannes de l'interprétation sont ouvertes et sur le Web « l'encre coule ». Saez repart en campagne au moment où le feu de la campagne électorale sera donné. Il appelle, il hèle la jeunesse. La sienne et celle d'aujourd'hui certainement, tous ceux pour qui la révolte de la jeunesse n'a pas une date de péremption. Ces deux dates mystérieuses, ces 12 mois de campagne, associés à cet énigmatique court métrage laissent à imaginer que Saez se lance dans une vaste entreprise : et si pendant un an il allait concevoir une œuvre plus qu'un album, un manifeste où textes, images et son construiraient l’œuvre jour après jour. L'annonce est grande, surprenante, enivrante quand on sait à quel point « tout est noir » dans le paysage actuel. Il y a 3 ans un soir de 14 juillet, je voyais ce type pour la première fois en concert, j'aimais son œuvre à contre-temps pour le temps, sa parole de voyant, j'aimais ses gifles données au politique, au peuple en forme de poésie. Ce soir-là, déjà il clamait un texte inconnu au bataillon de sa poésie :«C'est la lutte dans mon pays ».

Tag(s) : #Musique, #chanson française, #Saez
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