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Tu n'as juste qu'à prononcer son prénom pour sentir la puissance de son exotisme, t'ouvrir au charme surpuissant de cet ailleurs qu'on te cache : une autre face du féminin au cinéma. Elle s'appelle Vimala. Elle est née très loin là-bas. En Inde, de parents saltimbanques, voyageurs un brin hippie. Elle s'appelle Vimala et elle est la nouvelle créature la plus exotique du cinéma français. Exotique au sens où son incroyable bille de clown doublée de son incroyable corps élastique te dépaysent en quelques mouvements seulement et ringardisent d'un même geste toutes les autres créatures de pellicule de son âge (la trentaine, ndlr). Elle s'appelle Vimala et paraîtrait-il qu'en indien cela signifie « pur ». Et c'est bien vrai ça qu'elle n'est « ni altérée, ni viciée, ni polluée » (définition du Larousse) par tous les clichés habituels de la jeune actrice. Ou vierge de toutes les poses classiques habituellement ordonnées à son sexe devant une caméra. Et là, tu vas me dire, « on est où là, on parle de cinéma ou de féminisme » ?

L'ouragan Vimala Pons

On parle des deux. On parle de cet amour pour Truquette, euh Vimala, qui débuta le jour où je l'ai vu débouler un 14 juillet sur la plus belle avenue du monde pour crier au peuple « Acheter la commune ! » et lui vendre des gadgets uniques, du type mini guillotine ou pavé en mousse au choix. Nous étions alors dans un monde fabuleux où la pompeuse et engagée Nouvelle Vague rencontrait enfin l'excellente comédie française des années 70. Nous étions alors chez Antonin Peretjatko mais on aurait chez Blier période Valseuse qui rencontrait un Godard période Nouvelle Vague. En ce mois de juin grisâtre, nous sommes encore dans ce monde quand nous recroisons Vimala dans une jungle franchement peu sympathique. Dans La Loi de la jungle, Vimala s'appelle Tarzan. Du coup, tu ris aux éclats en apprenant son prénom et après tu comprends que cette brunette, roulée toujours aux lèvres et chapeau de paille sur la tête lui cachant la moitié du visage, est clairement plus Tarzan que Jane. Tu trouves l'idée forte, belle et rebelle. Tu réalises que finalement cette Vimala est un as des as, un homme de Rio, un magnifique. Elle bastonne, elle clope, elle charme comme un Bebel d'antan avec un corps qui crève l'écran. Mais ce ne sont pas les parties classiques de la gente féminine qui séduisent, captent toutes les regards, poitrine généreuse et sexe affiché mais ce sont les muscles de la demoiselle quand elle bastonne à tout va, tel un Obélix tombé dans la marmite enfant. La silhouette de notre Vimala est incontrôlable dans l'action tel un Bebel sautillant partout chez De Broca. Vimala a fait des études de cirque, ceci explique donc cela. Dans La Fille du 14 juillet (que je te conseille vivement) déjà elle excellait pour marcher avec élégance sur des bouteilles tel un funambule. Son corps est son instrument de travail. Sa bouille rarement souriante (en tous cas dans le dernier opus de Antonin Peretjako) enchante l'écran, le scénario, l'histoire, la jungle, le cinéma...

 

Le coming-out est à la mode, vois-tu, et bien laisse moi être à la mode un instant et te dire que si j'étais pas si sûre d'aimer ces cons de garçons, c'est bien simple je serais folle amoureuse de Vimala. Peut-être parce que quand je la dévisage dans La Loi de la jungle, elle m'évoque le souvenir de deux personnages que j'ai désespéramment aimé dans un Godard sous le soleil de la France. Elle virevolte comme Bébel en Pierrot et a le phrasé de chérie Anna Karina en Marianne Renoir. Quand je la vois se battre avec une agilité décomplexée comme jamais on ne voit des nanas se battre au cinéma, je suis sous le charme. Quand je l'entends répondre à Vincent Macaigne « Vas y qu'est-ce que tu attends banane ? » ou « Ferme ta boîte à camembert » j'entends Anna Karina balancer à son ami Pierrot des « pauv' con » ou « debout les morts » avec de la musique danoise dans sa petite voix inégalée. Elle est comme ça Vimala, elle carbure à l'invention, joue avec son unicité et pourtant elle vous convoque tout ceux que vous avez chéri dans la richesse du cinéma français période Nouvelle Vague en un mouvement, une parole, une intonation. Oui, cette Vimala Pons invente une nouvelle créature capable de détrôner toutes les autres. D'être plus juste que les autres. Fumer non stop, foutre des torgnoles comme jamais, manger des chenilles, prétexter une mort prochaine pour baiser, sortir saine et sauve de la jungle et se cacher dans un sac, Vimala sait tout faire avec une élégance rare, celle de la douce folie. Mec ou fille, gros bras ou cœur en marshmallow, désopilante ou émouvante, belle tout en se foutant d'être belle, mi souriante ou boudeuse acharnée : tout Vimala, toute sa fantaisie est une bouffée d'air frais dans le cinéma français et dans mes poumons de fille en particulier. Sur grand écran, Vimala s'en fout de son image. Image qu'on enseigne rarement aux filles. Même si le cinéma ne doit pas être un enseignement de la vie (aucune leçon à retenir sur celle-là) il colle qu'il le veuille ou non dans nos regards en particulier et dans notre mémoire collective surtout des filles à être, à rêver d'être. Vimala appartient à cette bande. Mais elle est au-dessus de la bande. Attention spoiler : à la fin de La Loi de la jungle actuellement en salles notre brunette dit à son camarade d'aventure (Vincent Macaign,  tout sauf un Bebel courageux qui castagne à tout va), elle lui lance un « Tu es hors norme ». En vérité c'est elle qui est hors norme. Qui sort la fille de son éternelle rôle. Le second aurait justement dit quelqu'un.

La Fille du 14 juillet, la bande-annonce

La Loi de la jungle, la bande-annonce

Tag(s) : #Cinéma, #portrait, #cinéma français, #Nouvelle Vague, #Antonin Peretjatko, #Vimala Pons, #Vincent Macaigne, #La fille du 14 juillet
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