Le retrouver c'est retrouver celui qui est parti sur 1964. Celui qui vous embrassait jusqu'à en mourir, jusqu'à s'en péter les cordes vocales, jusqu'à vous en broyer le cœur. Le retrouver c'est entendre la voix cabossée de l'homme qui a trop bu, brûlé, crâmé la vie pour y échapper. Celui qui faisait trop la chose dans ses chansons. Celui qui était trop mélancolique dans sa prose. Celui qui dissertait sur le cœur et ses raisons que la raison ignore. Christophe Miossec est ce vieil amour de jeunesse. De ceux qui vous quitte pour mieux vous hanter. Son truc bien à lui c'est de vous offrir un disque déchirant et de reprendre la mer sans prévenir. S'échapper en solitaire. Échapper à la vie, insupportable qu'elle est, pour survivre, c'est pour cette raison que l'homme a choisi la musique un peu avant la trentaine. La cinquantaine approchant, le vieux loup de mer revient hanter la chanson française et nos nuits par la même occasion. Redevenant le temps d'un album, notre partenaire préféré. Avec « Ici-bas, ici même », plutôt sous le zénith exactement, Christophe Miossec signe cette connerie d'album de la maturité. Cet album cliché, sans l'ombre d'une faute, sans chansons moins appréciables qu'une autre, sans chansons ennuyantes, uniquement des tempêtes lumineuses d'une âme en cure de repos. Des mots tempétueux couchés sur papier avec sensibilité et arrangements délicats. Un Miossec qu'il fait bon aimer.