Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Faut se rendre à l'évidence. Britney est le seul souvenir honteux de mes jeunes années que j'accepte volontiers de réécouter. Un souvenir estampillé 90's à vie. Époque sacrée où ma mère m'interdisait d'écouter ces pestes de Spice Girls et ces boys band éphémères, mais où en douce, dans 7 m², je tentais de reproduire difficilement la moindre choré interdite au moins de 16 ans de cette gamine venue tout droit des States. Les parents pensent que les gamines sages s’échinent sur leurs devoirs alors qu'en vérité, non maman, je me trémoussais comme une catin et j'imaginais qu'un jour au collège, je pourrais quasi-rejouer la Britney de Baby one more time. On est la reine des connes à 11 ans. Une ravissante petite idiote incapable d'avoir bon goût. Alors quand presque 20 ans plus tard, salement éméchée en soirée, la gamine bidouille Deezer pour retrouver les vieux tubes de l'autre gamine devenue star, que les mêmes trémoussements audacieux reviennent, la traditionnelle auto-défense débarque à la rescousse contre les éternels détracteurs qui râlent contre le détournement de playlist. « Oui, mais Britney c'est pas pareil ». C'est le début de tous les possibles, la sortie de l'enfance, les premiers CD deux titres – la préhistoire en somme -, le temps perdu devant le Hit Machine, le premier intérêt pour un garçon, les premières incompréhensions avec les grands. Pour elle, le début des emmerdes. Du fric, des tubes et des charts, certes, mais des déceptions, un crâne rasé, une presse à scandale, des arnaques, des mecs, des ex, des clips foireux, du ridicule dans la voix, dans les trémoussements, dans la simple prononciation du « bitch ». Et pourtant, le ridicule ne tue pas. Surtout pas elle. A la ramasse complète depuis des années. Mais celle qui l'écoutait ne vaut pas mieux. Britney est notre caution jeunesse. Notre première girl next door. Notre première fois avec la musique mainstream, avec le play-back, la femme-objet, la presse à scandale, la loose, l'Amérique dans ce qu'elle a de plus écœurant. Notre première fois avec tout ce que notre bonne morale peut exécrer aujourd'hui. Et pourtant le retour de « britney bitch » marche toujours sur une grande gamine. Elle tente désespérément de s'inventer un style. De surfer sur un son de merde – en l’occurrence l'eurodance. De se dandiner dans des costumes copiant tout ce que les stars of the pop ont pu porter. De faire oublier les Gaga, Beyonce, Perry et compagnie le temps d'un clip. Britney s'échine à revenir avec à chaque fois la même recette, la même rengaine, la fille est une putain enchaînant les essoufflements provocateurs qu'une fille normalement conçue poussera fatalement un jour. Elle soupire plus des « baby » qu'elle ne pousse la chansonnette. La voix est trafiquée, le corps outrancier, la fille est une esclave sexy du système coincée à faire des courbettes dans un avion, un immeuble désaffecté et même dans l'espace – trop forte cette Britney. Mais cette fois-ci, l'esclave de la pop music te lance comme une menace bitch, qu'il faudrait prendre au sérieux les soirs de grande détresse. Oubliées les jeunes années à saliver devant les garçons, à jouer les esclaves et enchaîner les « gimme more », cette fois Britney prône la valeur « travail ». Oui, comme une vieille réac mais avec la touche sexy pour mieux faire passer le message. Britney ne peux laisser le champ libre à cette bitch de Miley, comprends-tu. Elle emploie donc la méthode forte. Sors le cash, le corps et les strass. Mademoiselle se dandine donc dans le désert, sur l'eau, en night club et toujours en soutif. Parce que dans le monde d'aujourd'hui et de toujours, sans une paire de seins on ne vend rien. Consommation à gogo, placement de marques et pauses lascives comme il faut, Britney bitch retrouve de sa superbe – et j'ai même pas honte de le dire. Car sous ses airs de belle putain, derrière la Lamborghini, les litres de Martini, j'entends le gimmick « work bitch » et ça me suffit à l'aimer comme au premier jour. A trouver une règle de conduite. Amour têtu et naïf. Comme une gamine qui boude et qui n'a pas envie de voir le mal dans ce conte tragique qu'est devenu la pop music. Triste machine à fric que j'aide à faire tourner avec un tel billet à la gloire de Britney. Mais il est parfois bon de me laisser rêver que j'ai 10 ans et que Britney est ma queen of the pop.

 

Eveytime de Britney Spears, cover par James Franco dans Spring Breakers

Work B**ch, Britney Spears

Tag(s) : #Musique, #Britney Spears, #James Franco, #Spring Breakers
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :