Retour éclair et citoyen de Bertrant Cantat

Sept ans se sont écoulés. Une nuit de juillet 2003, Bertrand Cantat, leader de Noir Désir et chef de file d'un certain rock à la française, faisait la une des médias pour de bien mauvaises raisons. Inutile de revenir sur les faits tragiques. Aujourd'hui le grand artiste fait à nouveau la une des médias pour son talent incroyable, pour la force de ses écrits enragés et engagés... qui ont tant manqué à son public, à un certain peuple français féru de poésie engagée .

Un public conquis et soulagé tel était le public des Rendez-vous des Terres-Neuves à Bègles, festival « de concerts et d'agitation citoyenne » créé en 2006 par des membres de Noir Désir. Samedi soir, comme l'avait annoncé le leader du groupe Eiffel, la surprise était de taille pour ce chanceux auditoire. Sur scène, Bertrand Cantat signait un humble retour aux côtés de ses fidèles amis du groupe bordelais Eiffel. L'occasion pour ses artistes d'hier et d'aujourd'hui de faire jaillir ensemble la musique qu'ils aiment tant : un rock passionné et insoumis.

Face à 2000 spectateurs, dont on imagine l'incroyable émotion, Bertrand Cantat et Romain Humeau reprirent en cœur la chanson extraite du dernier album d'Eiffel baptisée « À tout moment la rue ». Ce soir-là, sur la scène bordelaise, plus qu'un retour sur scène, Bertrant Cantat semblait tourner la page, si elle puisse se tourner, en chantant la suite logique de son répertoire, en offrant à son public le message que celui-ci attendait de lui: une rue qui à tout moment peut dire non. Puis dans un ultime sursaut de citoyenneté, il lui insufflera la trop brève lueur d'espoir dont on a tous besoin avec sa reprise d'une chanson « presque neuve » (1871) écrite en des temps troubles « un peu comme les nôtres » précisera t-il, une version enragée d'un « Temps des cerises » rêvée.

Noble retour éclair donc pour Bertrant Cantat. En attendant de revoir cette scène se rejouer, plus longuement, on remercie ceux qui ont filmé la scène tant attendue... et on se la repasse inlassablement.

« À tout moment la rue » (Eiffel et Bertrant Cantat)

« Le Temps des cerises » (Eiffel et Bertrant Cantat)