Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Nouvelles-sous-ecstasy-beigbeder.jpgQuand un léger passage à vide se fait ressentir c'est bien connu le destin vous pousse à renouer avec vos vieux démons. Certains optent pour la bouteille. D'autres la drogue. N'ayant les moyens financiers ni pour l'un, ni pour l'autre, je renoue avec mon dealer favori. Fred a l'avantage de proposer une came aussi rassurante que décapante pour ton cerveau. Une came dont l'avantage premier est d'être beaucoup moins destructrice en surface que les démons habituels. Et voilà comment l'autre soir, je me suis retrouvée quelques années en arrière, en trip bien connu à cause des Nouvelles Sous Ectasy de ce bon vieux Fred. J'aurai pu lui reprendre de L'Amour dure trois ans mais c'était prendre un risque beaucoup trop dangereux pour ma santé mentale. J'ai donc accepté son ectasy littéraire. Rapide et efficace. Came conçue à partir de 13 nouvelles écrites entre le boulevard Saint-Germain, les toilettes du Flore, le trottoir du Ritz et des apparts du 16ème. De préférence de nuit parce qu'elle est beaucoup plus tendre que le jour. De préférence sous l'entreprise de substances illicites. Substances dont on a pourtant point besoin pour raconter nos vies à des inconnus, comme le concède Fred en exergue de ce voyage en terre trash où spleen et sexe ne savent point survivre l'un sans l'autre.

 

Dans ses nouvelles sous les étoiles parisiennes, Fred consomme cames en tous genres, filles en tous genres et délires cyniques parfaitement maîtrisés. Dans ces récits rédigés entre 1990 et 1999, mais publiés après la fameuse trilogie consacrée à ce double de papier qu'était Marc Marronnier, Fred s'exerce à faire de la provocation avec style. Il fantasme les situations les plus dingues (Le Jour où j'ai plus aux filles) aux plus touchantes (Comment devenir quelqu'un). Car sous la plume de l'homme camé, amateur de mondanités et de jolies filles, pointe déjà à l'époque (ces nouvelles ont treize ans ce qui ne rajeunit ni Fred, ni son adepte) l'once de vérité tragi-comique de sa vision de l'existence.

 

« Il faut vivre à 800 à l'heure et mourir juste après, la cervelle étalée sur le capot comme du sperme. Vivre à 800 à l'heure, trop vite pour avoir le temps d'écouter la fin du tube de l'été. Être une météorite jamais rassasiée et dont personne ne veut profiter. Surtout, s'attirer immédiatement tous les dangers les plus bêtes, en particulier quand le ciel est ouvert. La décadence n'est pas seulement une rédemption : c'est surtout un mode de vie. Les taxis klaxonnent en vain, et si les néons de l'hôtel clignotent, c'est sans doute qu'ils sont défectueux. » (extrait Un Texte démodé)

 

Ces nouvelles sont des pilules bien vite avalées. Certaines vous feront peu d'effets. D'autres arriveront à leur fin, au but escompté. Bouffée de chaleur, envie de danser toute la nuit et plus si affinités, angoisses existentielles, brutales envie de chialer. Pas besoin de prendre d'Ectasy suffit juste de lire du Fred du bon vieux temps pour connaître les montagnes russes des émotions. Pouffer de rire pour trembler de peur l'instant suivant avant de tourner la prochaine page. La page conseillée sera indéniablement « La Nouvelle la plus dégueulasse de ce recueil » à l'avertissement digne du grand Fred : « Certains passages de ce texte sont susceptibles de heurter la sensibilité de nos lecteurs les plus romantiques ». La grande romantique n'est toujours point lassé. Jamais heurtée par la plume sensible trempée dans l'acide de ce jeune homme dérangé. Fred, le dealer littéraire le plus prolifique.

 

Nouvelles sous Ectasy de Fredéric Beigbeder (Gallimard)

Tag(s) : #Littérature
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :