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Jeudi dernier c'était un peu le 14 juillet. Vous savez le truc sur les Champs où on voit défiler des militaires devant notre grand chef. Je vais pas faire mon Eva Joly, je vais pas faire non plus mon anti-militaire primaire, anti-patriotique basique et anti-pas mal de choses d'ailleurs, mais permettez-moi juste de le penser un peu. Je disais donc que jeudi dernier, la Fête Nationale je l'ai fêtée d'une bien belle manière... aux Francofolies. Je l'ai transformée en fête de la musique, mais pas n'importe quelle fête de la musique, non une fête en forme de pied de nez à cette bonne vieille France réticente à tant de choses. Mon programme était révolutionnaire : 15 heures, un type qui chante « Je suis communiste » dans une France basculant nettement vers la droite c'est plutôt pas mal, 18 heures, des artistes français qui chantent dans la langue de Shakespeare ça c'est carrément un sacrilège aux yeux de la nation. Sauf qu'entre temps, un garçon sauvage est venu perturber ma jolie journée : Lamarca.

 

Lamarca1Alors, avouons tout de suite : au départ, on tombe un peu (fatalement même) amoureuse du jeune homme, ce qui te pousse un peu à te sentir comme une grosse bécasse de fille pour la millième fois de ce festival de fanatiques de la chanson française. Sauf que Lamarca plus tu l'écoutes, plus il te donne tout sur scène, plus tu comprends la seule chose à comprendre en musique : ce n'est qu'une histoire d'amour de plus la musique, puissante et insaisissable. Une claque insensée au moment où tu l'attends le moins. Oui parce qu'au départ j'étais venue pour un autre, comme les deux mamies à côté de moi qui n'arrêtaient pas de parler du PCF, la cause au petit jeunot talentueux d'après. Sauf que ni elles, ni moi ne pensions craquer ouvertement pour le premier jeunot qui allait se pointer sur scène accompagné de ses fidèles musiciens. À la vue de sa photo sur le programme, je n'ai pu m'empêcher le pédant mais « qui sait celui-là ? », mais maintenant je suis toute honteuse de cette réflexion, je veux juste tenter de vous expliquer que « celui-là vous allez en entendre parler d'ici peu ».

 

Sur le papier, il est écrit « rock soigné et efficace », le tout illustré par une photo du jeune homme, aux faux-airs de l'autoportrait de Gustave Courbet, allez donc savoir pourquoi cette comparaison m'a sautée à l'esprit et ne m'a plus quittée... Pour les yeux dévorants peut-être. Ces yeux-là, on ne voit que ça sur scène au départ. Un regard de drogué de la musique. Ce qui, je précise, n'est pas une insulte puisque les plus grands (Jimmy si tu m'entends !) carbure à cette came surréaliste, créatrice et séductrice. Quand Lamarca aligne les notes, expose des textes pas seulement « efficaces » mais aussi radicalement fiévreux, fougueux, judicieux il est ailleurs, dans les cieux du rock peut-être. Son corps lui est là, en transe souvent, toujours suspendu aux cordes de sa guitare, à la beauté  fragile d'une poésie sauvage.

 

Lamarca2Garçon sauvage, surnommé « little Rimbaud », Lamarca subjugue par la profusion des mots, sentiments, mélodies. Entre mélancolie touchante et noirceur envoûtante, histoire de sexe ou d'amour (ou les deux ensemble, ça existe encore !), l'auteur-compositeur d’origine lyonnaise touche sa cible sensible. Elle n'est autre que le cœur du public, un public si divers, complètement chamboulé par la prestation de cet inconnu en terres rochelaises. Lamarca l'a cherché son public, a osé l'impensable avec lui, obtenir de lui ces cris qu'il ne pousse que dans l'obscure intimité. La complicité amusante qu'il a instauré avec lui pendant près de 40 minutes a favorisé cette atmosphère si particulière, une ivresse unique, saoulé agréablement à l'énergétique bonne musique. Oui, parce que le charisme à l'état brut chez un artiste ne fait pas tout, il faut aussi une « bonne musique », cette poésie à l'état pur posée délicatement sur des mélodies rock désarmantes, tantôt sensibles, tantôt vives mais toujours irrésistible (« La Main », « J'ai laissé derrière moi »).

 

Ce concert fut un véritable tour de charme, où on se brise le cœur en étant complètement consentante. Le genre de concert dont on ressort avec la sensation de marcher sur un nuage, sur le ciel étoilée de l'ensorcelant « Vénus », éloge divine de l'origine du monde signé Lamarca, aussi puissante que celle de Bashung. L'homme a la voix fêlée a gravé dans nos mémoires le style d'instant qui reste pour longtemps. Une étreinte poétique comme seule la musique est capable d'en procurer par la fougue d'un écorché vif, un artiste non formaté, à l'ivresse gracieuse. Le genre d'artiste dont il faudra se procurer le premier album, mais qu'il faudra surtout « voir » sur scène.

 

 

Concert de Lamarca, le 14 juillet 2011 aux Francofolies de La Rochelle

 

Myspace de Lamarca

 

Pour avoir un avant-goût d'un concert de Lamarca, je vous conseille vivement les photos et vidéo de NotSoBlonde, à voir par ici



Tag(s) : #Musique
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