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Alors que Barack Obama déçoit Outre Atlantique, je me décide enfin à le lire. Il était là sur une étagère et il m'attendait. Je le craignais légèrement. Son titre faisait écho à une lecture passée qui m'avait laissée quelques mauvais souvenirs. Lire de La Démocratie en Amérique quand on a 20 ans et que pour vous l'Amérique se résume par un certain George.W Bush et un 11 Septembre, avouez qu'il est difficile, dans une telle situation, de ne pas être réfractaire. Depuis cette fameuse date, où l'Amérique s'est mis à dos notre bonne « vieille nation » en allant bafouer les droits de l'homme aux quatre coins de la terre, chose qu'elle faisait depuis des décennies, j'ai cru que ce peuple serait à tous jamais des êtres aux fausses valeurs, à l'hypocrisie écoeurante, à l'imbécilité démesurée. Une arrogance à la française...


Quelques années plus tard, Barack Obama est arrivé sur la scène internationale. Il incarnait ce rêve américain. Le genre de rêve que les studios hollywoodiens aiment à nous servir sur grand écran. Il était grand, il était beau, mais il était surtout noir. Le terme honteux de la couleur de peau devenait soudainement le terme magique qui pouvait sauver une nation et même le monde. Car il s'agissait bien de nous sauver. Sauver l'Amérique de sa déchéance et sauver le monde de la crise. Barack Obama n'avait pas les combinaisons ringardes des super héros à l'américaine. Il avait juste sa couleur de peau pour rendre le monde meilleur. Ni Superman, ni Batman, juste Obama et son mythique De la race en Amérique.


Discours prononcé le 18 mars 2008 à Philadelphie, De la race en Amérique entre au panthéon des textes fondateurs qui ont changé notre humanité, qui l'ont marqué à tout jamais. Comparé aux mythiques textes de prédécesseurs de renoms tels que Martin Luther King ou John Fitzgerald Kennedy, le discours de la Philadelphie a profondément fait effet de révolution dans les mentalités américaines. Prisonnières de siècles d'esclavage, de ségrégations et de discriminations perpétuelles, elles ne semblaient pas être prêtes à mettre un homme de couleur à la Maison Blanche. Mais le discours de Barack Obama a su faire vibrer ses consciences endormies depuis des décennies. Lorsqu'une arrogante petite française ouvre la première page De la Race en Amérique, elle ne part pas à la recherche d'un modèle, comme le fit l'un de ses compatriotes au XIXème siècle. Elle part à la recherche d'une vengeance, d'un doigt accusateur pointé vers l'Amérique de George W Bush, Nixon, Reagan et les autres. En lisant les mots du nouveau super héros made in America, elle cherche à venger la Mama d'Autant en emporte le vent, la Rosa Parks du bus de Montgommery, du révérend qui un jour prononça un rêve merveilleux... Hélas, la française au caractère vengeur, n'a point trouvé ce qu'elle était venu chercher. Elle trouva une nouvelle pensée, bonne à adopter et à mettre en pratique ici et là. En France comme en Amérique. Ne pas oublier les affronts passés, la haine des blancs à l'encontre des noirs. Mais ne pas vivre avec ses blessures non cicatrisées, ne pas cultiver cette haine réciproque venue de la nuit des temps. « Voilà où nous en sommes. Dans une impasse raciale où nous demeurons enfermés depuis des années », en l'espace de quelques pages le problème est décelé. Ce qui frôle l'admiration dans ce discours ce n'est pas la capacité étonnante de Barack Obama à séduire les électeurs potentiels avec de belles phrases éloquentes. Non, ce qui demande le respect chez ce politicien c'est ce désir incontestable d'avancer ensemble, main dans la main. Sa foi inébranlable en la dignité et la générosité du peuple américain épate.

Lire les mots énoncés en ce jour historique du 18 mars s'est comprendre qu'il y a eu un avant et un après Philadelphie. Encensé et acclamé, ce texte peut intriguer. Un discours de plus, des belles paroles comme on nous en sert depuis toujours, il a bien une certaine suspicion qui planerait au dessus de ce discours. Pourtant, Barack Obama a cette lueur dans le regard, cette sincérité subjugante, cette humanité rare qui le dresse sur un piedestal. Nouveau messie des temps moderne c'est ainsi qu'il apparaît en ce jour, en cette lecture. Le nouveau Kennedy, comme on aimait le nommer au début de son investiture, incarnait les espérances d'un monde à la dérive. « Poursuivre la longue marche de ceux qui nous avaient précédés une marche vers une Amérique plus juste, plus égalitaire, plus libre, plus soucieuse du sort de chacun et plus prospère » tel était le but de Barack Obama. La grandeur de cette marche vers une Amérique de la solidarité réside dans son caractère unitaire. Pour une fois, l'Amérique gomme son idéal d'individualité pour dessiner « une union plus parfaite » où des hommes n'ayant pas la même apparence, ne venant pas du même endroit, ont ce point commun d'une destination commune. « Nous voulons tous aller dans la même direction: vers un avenir meilleur pour nos enfants et nos petits enfants ».

Quelques mois après l'élection de Barack Obama, rien ne va plus aux Etats-Unis. Le « Black Prez » ne fait plus l'unanimité. La presse, les républicains, les citoyens se retournent contre lui et s'impatientent. Non, Obama n'a pas sauver le monde. Il n'a pas réussit à faire de notre monde une tendre et jolie humanité. Les américains sont bien trop habitués à voir leur super héros sauver leur monde en moins de deux heures sur grand écran. Hélas, la réalité est autre. Le monde ne se sauve pas en quelques mois mais avec des débats, des réformes et des efforts qui s'élaborent tout au long d'un mandat. Obama n'avait pas de baguette magique pour réduire le chômage, déjouer les règles néfastes des financiers, réformer le système de santé, apporter le bonheur à chaque terriens. Et ceux qui ont cru et voter Barack Obama dans l'unique but d'améliorer leur simple vie d'individu peuvent être déçu car ils n'ont rien compris à la politique de cet homme. Récemment, le « Black Prez » du rap, mister Jay-Z déclarait dans les Inrocks « Obama ne se pense ni comme un noir, ni comme un blanc: c'est un individu postracial, moderne tout simplement ». Lui, a tout compris.

De la race en Amérique de Barack Obama (Edition Grasset)



 

 

Tag(s) : #Littérature
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