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Les kids lâchent le micro pour la plume. En cette rentrée littéraire, Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah passent de France Inter au Seuil pour toujours causer, social, société et cause à effet. Pas à deux voix mais à quatre mains, cette fois-ci, ils s'attaquent donc au fait pur et dur comme il l'aurait fait pour le Bondy Blog, leur première expérience dans les médias, en y injectant une bonne dose de poésie. Celle du quotidien, faite d'une bonne cadence et d'une consistance inébranlable. Pas un mot en trop, un simple bon sens du flow et du récit. Le récit en question est une histoire vraie, un fait de société noyée dans la masse un beau matin, choquant la France pendant 24 heures et relégué au placard de l'information dès le lendemain. Logique imparable de la politique de l'information, calquée sur la politique tout court : le rendement.

 

« Un chômeur envoie un mail au quotidien local de sa région: « Je suis allé à Pôle emploi avec 5 litres d'essence pour me brûler, mais c'est fermé le 12 février 2013, alors ça sera demain le 13 ou le 14, car ce serait vraiment préférable au sein de Pôle emploi merci. » Le lendemain, l'homme tient parole. »

Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah ont voulu comprendre ce geste. Alors il leur a fallu tout imaginer. Burn Out est le fruit de cette imagination. Un premier roman qu'on imagine dans la lignée de ce que faisait les Kids dans les émissions de France Inter. Pas seulement prendre la température de l'événement. Plutôt embraser sa portée, son histoire, vivifier cette mort et ce que cette petite histoire raconte de la grande. Les premières pages de ce roman, qui s'inscrit dans cette tendance marquante de la rentrée littéraire à savoir raconter le réel en brodant sur la réalité, laisse deviner l'âme même des kids : ne pas raconter des faits mais des histoires avec une pudeur et une grâce qui font souvent hélas bien défaut à l'époque. Le personnage principal, la veille de son geste fatidique, écoute la radio comme tous les matins. Sous la plume des Kids, il dit « Les informations n'ont aucune consistance, ou peut-être que la journaliste ne leur donne aucun relief. Elle sert les plats comme on dit ».

 

Les kids, journalistes qui n'ont même pas atteint les 25 piges, se refusent à servir les plats. Leur texte de radio, de papier ou de littérature est un rap de plusieurs pages. Les lire c'est les écouter, entendre le son doux de leur voix radiophoniques racontant l'atrocité d'une société qui regarde ses hommes tombés. Les écouter c'est entendre un flow marquant, une musique visée au crâne, familière, quasi rassurante. Rassurante car pas beuglante dans le brouhaha des informations et des prises de position. Rassurante parce que au fond énervée, survoltée, choquée, épuisée en sourdine de ce lot d'informations perdues oubliées dans la masse. Pour que la masse oublie, fasse l'impasse, sur ces petites histoires qui racontent la grande. Autrement dit : rajoutez Burn out en tête de votre liste de livres à lire pendant cette rentrée littéraire. 

Burn Out de Mehdi Meklat et Badroudine Saïd Abdallah en librairies le 17 septembre

 

Les kids lâchent le micro pour la plume
Tag(s) : #Littérature, #Mehdi Meklat, #Badroudine Saïd Abdallah, #Burn Out, #Le Seuil, #Rentrée littéraire
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