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Il y a de cela un siècle, j’étais une fanatique de la plume de Fred. Il ne fallait pas le critiquer, l’égratigner et encore moins ne pas le prendre au sérieux. Lui qui avait cette façon bien particulière de ne pas prendre la vie au sérieux. Une façon bien saganesque. « La vie est un drame amusant, non ? » avait-elle pour coutume de dire. Fred était de cette race auquel on aurait bien aimé appartenir. Prendre la vie avec légèreté pour contrer son degré d’importance. Avec lui, la vie était chouette. On avait une playlist toute faite quand on se faisait larguer, une réplique préférée et intraitable sur la vie pour la justifier cette saleté, une précieuse dédicace et puis surtout pleins de conseils imprimés du génie publicitaire du mec pour justifier la vie en long et en large quand ses proches connaissaient un léger passage à vide (l’amour, le mariage, le cul, le célibat, l’amitié, la littérature et bla et bla rien n'échappait à son analyse) – pardon à eux au passage. Mais, comme dans ses romans, l’amour s’est effiloché avec le temps. Dès fois, il nous arrive de ne pas bien comprendre ce qu’on a pu trouver à ce grand dadet dandy aux positions parfois douteuses et à l’amour trop inconditionnel des projecteurs. Et puis d’autres fois, il suffit de le réécouter pour qu’une vague de tendresse ressurgisse. Pour que tout notre passé se justifie en une phrase. Une intonation cynique. Une nostalgie des instants où on le dévorait à chaque rentrée, impatiente de noter de nouvelles phrases dans sa mémoire dérangée et de batailler avec les autres de son importance dans la littérature contemporaine. Car peut-être qu’un jour, des gamins liront Nouvelles sous ecstasy comme on lit des classiques, si, si, si. C’est une utopie je vous l’accorde qui donnerait presque envie d’en faire.

Quand Fred imagine Oona & Salinger

L’autre jour, j’ai entendu Fred à la radio lire les premières pages de son prochain roman qui sortira le 21 août chez Grasset. Dans l’émission Les Bonnes Feuilles pour être précise – merveilleux concept banalement génial où un auteur lit les premières pages de son nouveau roman disserte sur son contenu avant de lâcher la dernière phrase du très attendu roman. Les premières bonnes feuilles d’une nouvelle promesse de bons moments passés avec sa plume.  Des moments légèrement inattendus. Car Fred s’attaque à un autre que lui cette fois-ci. Avec lui, c’est rarement de la fiction. Sur-attaché à son moi, il est incapable de parler d’autre chose que de lui. Véritable tare de l’époque. Pour la rentrée littéraire 2014, le plus très jeune homme dérangé ose l’impensable : la fiction et tout le tintouin : une histoire vraie, avec des personnages ayant vraiment existé et des faits vérifiés par ses soins. « Le reste n’est qu’imaginaire » dit-il.  Son imaginaire jamais en panne a donc enquêté, disserté, pris des libertés avec l’histoire vraie de Oona O’Neill et Jerry Salinger. Une histoire d’amour entre la fille d’un grand dramaturge américain et un écrivain débutant qui allait devenir grand. Sauf que c’est l’été 40, que les japonais ont la bonne idée de bombarder Pearl Harbor et que tout ce petit monde est gentiment appelé pour sauver le monde justement. Mauvaise période pour une idylle naissante. Mauvais timing qui a séduit l’auteur français. Epoque du meilleur et du pire qui fascine Beigbeder pour sa capacité a avoir arraché des jeunes gens insolents, passionnés et dans la fleur de l’âge à leur vie. Des gens que nous aurions pu être. Il ne va pas traiter de cette histoire pas tout à fait comme les autres sous l’angle historique mais sous son regard halluciné. Un regard halluciné de voir « des jeunes gens comme nous jetés dans une catastrophe ». Voilà Fred, comme je l’aime : inattendu. Il va fouiller, rechercher, archiver, rassembler ses idées mais aussi imaginer les détails, partir en vrille, parler de lui pour évoquer cette relation déchue dans un monde sur le déclin. C’est tout naturellement que l’histoire déclinera sous sa plume et dans la réalité puisque comme l’annonce le roman : « Ils ne se marièrent jamais et n’eurent aucun enfant ».

Tag(s) : #Frederic Beigbeder, #Littérature, #rentrée littéraire, #Oona&Salinger, #Grasset, #Roman
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