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Les railleries ne sont jamais trop loin quand tu t'aventures à dire à tes potes : « Je vais voir le dernier Lelouch ». A ce moment précis, tu sais que tu aurais mieux fait de te taire. Pourquoi une grande partie des gens n'apprécient guère le cinéma de Claude Lelouch ? C'est une question qui m'a souvent travaillée, un peu honteuse. Depuis 50 ans Lelouch flirte avec insistance avec les bons sentiments, des lieux biens communs, des intrigues aux grosses ficelles et des plans aux allures de téléfilm. Et pourtant, pourtant, il n'aime que le cinéma et les acteurs. Fait qui depuis 50 ans rend son cinéma infiniment sympathique. Comme un grand-parent qui radoterait « son bon vieux temps », Lelouch radote la vie qui jacasse, les sentiments qui cheminent, la fièvre qui monte, la vie, la mort. Si ça ne sonne pas toujours juste, ça réussit toujours à arracher rires et larmes. Ca condense la vie en deux heures sur grand écran. Et demeure une déclaration d'amour au cinéma. Lieu si cher au petit gamin juif qu'il était et qui se cachait dans les salles de cinéma sous l'Occupation. Refuge où il aima tant ces personnes projeter sur l'écran. Amour qu'il prolonge depuis quarante-trois longs métrages. Salaud, on t'aime, son nouveau film, est une prolongation de cette déclaration d'amour, qui contrairement aux amours entre femmes et hommes reste, demeure à tout jamais.

 

Salaud, on l'aime

L'amour des acteurs résiste au temps. Cette fois-ci Lelouch compose une histoire autour de deux grands artistes, acteurs rares, les vieux de la vieille, les messieurs du bon vieux temps du rock'n'roll : Johnny Halliday et Eddy Mitchell. Johnny interprète un photographe de guerre célèbre et père absent qui éprouva plus d'amour à photographier les soubresauts du siècle passé qu'à élever ces quatre filles aux prénoms ridicules (chacune écope du nom d'une saison, du Lelouch pur). Ce père s'en va couler des jours heureux auprès d'une nouvelle compagne (Sandrine Bonnaire, toujours divine) dans un chalet à la montagne tout en regrettant l'absence de ses filles. La vie de tout ce petit monde va basculer le jour où le meilleur ami (Eddy Mitchell) va tenter de réconcilier toute la smala autour d'un vilain mensonge. Ou pas.

Salaud, on l'aime

Lelouch nous balade. Multiplie les digressions. Les scènes de groupes. Les scènes entre deux grands monstres de la chanson française. Et pourtant, parfois, le spectateur se demande où il veut l'emmener. Vers le pardon, certainement. Hautement autobiographique (voir carrément égocentrique) Lelouch raconte son histoire. Beaucoup de femmes, d'enfants, d’œuvres à son actif comme son personnage principal. Et autant de déchirures, imagine t-on. Il les souligne peut-être trop ces erreurs, jacasse trop sur la vie abusant des répliques pleine de bons sentiments. Et pourtant, il nous balade dans cette belle montagne sur du Moustaki, réussit à nous emmener là où on ne s'y attendait pas (le polar) et à nous faire aimer ce Johnny-là. Celui qui a vécu des excès de son temps. Un Johnny au visage abîmé, ralenti, usé par les excès et pourtant, comme souvent dans sa filmographie, terriblement émouvant. Comme dans cette scène où avec Eddy ils regardent Rio Bravo en reprenant la chanson de Dean Martin et Ricky Nelson. On a beau savoir que Lelouch tire sur la corde de la sensibilité, installe son admiration du cinéma dans son cinéma, mais il le fait par amour de ces deux-là, du cinéma, de ce qu'il peut faire naître dans la mise en abyme.

 

Il a du mal à quitter ces personnage, son histoire rocambolesque, et cela se fait se ressentir avec un bon quart d'heure de trop et une expo de photographies de vaches dans une église, c'est aussi ça Claude Lelouch, des scènes inutiles, des invraisemblances dans le récit, quelques traces de mauvais goût. Mais ce salaud de cinéma, malgré des histoires invraisemblables, a pour don de savoir retranscrire les rapports humains. Il met son amour de l'acteur au centre de tous ses films. Et finit toujours par nous faire aimer ceux-là. Comme lui à aimer ces acteurs sur le grand écran, étant gosse. L'histoire ne finira donc jamais...

Tag(s) : #Cinéma, #Claude Lelouch, #Johnny Halliday, #Eddy Mitchell, #Sandrine Bonnaire, #Salaud on t'aime
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