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Ambiance cold, cold night dès le premier tour de piste. Le décor est planté, les rues désertées, le froid glaçant. Le jour a abandonné les humains et la nuit va accompagner des androïdes aux murmures hermétiques. « Demain est une autre nuit », le premier titre de l'album éponyme du duo canadien formé par Marie Davidson et Pierre Guérineau, ressemble au générique d'un film de science-fiction. Une sorte de préambule préventif comme pour annoncer à qui voudra bien l'entendre qu'il va falloir être consentant, abandonner sa raison à l'entrée de ce disque pour onduler de façon déraisonnable sur des cadences infernales dont seules les machines ont le secret. Croire en une force supérieure, celle d'une pop synthétique minimaliste hantée par la mélancolie imposée de la nuit. Se laisser dépasser, capturer par des nappes de synthés, posséder par les sirènes entêtantes et cette voix millimitrée venue d'outre-tombe qui gagne du terrain, vous encercle tel un songe. Comme un film de science-fiction, le duo au nom comme un avertissement est une expérience dans laquelle on est véritablement captif. Un John Carpenter sonore indécrochable, où la réalité est dépassée par le fantasme de l'inquiétude. Aux mots privilégions l'écoute...

La nuit n'en finit plus avec Essaie pas

Le duo masculin/féminin vous happe dans cette montée en puissance où l'électronique s'empare des corps exsangues (« La réalité dépassée par le fantasme »). Quelques pistes plus loin, les machines communiquent entre elles sur une introduction rude et intense. Une voix martiale parle de flash-back sur un corps (« Retox »). Pas bien difficile d'imaginer se dessiner des stroboscopes balayant de lumière des corps impassibles ondulant sur une piste de danse. L'énigmatique « Carcajou 3 » à l'esthétique cold wave confirme le thème fiévreux malgré une ambiance de glace. La fièvre comme seule les amoureux solitaires Elli&Jacno en avaient le secret se fait ressentir. Secouer la tête de façon nonchalante sur des synthés glacés, dandiner son corps raide comme dans une nuit de la pleine lune.  Ces nuits sans fin hantées par les amours inachevés tant chéries par les enfants des eightees à la recherche de gestes punk. Le titre « Facing the time » tourne à l'obsession, une musique de club, où le corps en transe n'est plus qu'une mécanique imperturbable. Plus on avance dans ce territoire mixant l'humain et la machine, plus les voix se déshumanisent au profit de rengaines qui se robotisent. Derrière ce décor sombre, « de l'innocence de la décadence », les dernières illusions se dissolvent dans une lente chute où le minimalisme reprend ses droits sur l'électronique. Une expérience sonore ultime couchée sur un texte à la beauté bizarre. Une conclusion à la levée du crépuscule qui donne envie de remonter la machine du temps et de revivre cette nuit trop courte de 35 petites minutes. Ca valait le coup d'essayer.

Essaie Pas à découvrir sur leur BandCamp

Tag(s) : #Musique, #cold wave, #essaie pas, #demain est une autre nuit, #canada, #duo, #eightees, #elli et jacno
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