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Si vos idéaux ont le moral au plus bas en ce joli mois de mai, évitez de malmener le peu d'espoir qu'il vous reste avec le dernier film de Mister Robert Redford. Sous Surveillance, un récit à bout de souffle où le militantisme est troqué contre la tranquilitée et ses bien trop sages valeurs.

 

Flash-back en 1969, un groupe de militants radicaux, les Weather Underground revendique une vague d'attentats sur le sol américain pour protester contre la guerre du Vietnam. La plupart de ses membres furent emprisonnés, mais quelques-uns changèrent d'identité et disparurent sans laisser de trace. Jusqu'à aujourd’hui où l'une des activistes accusée de meurtre est arrêté par un FBI qui ne compte pas en rester là avec les "terroristes d'autrefois"...

 

Dans cette chasse à l'activiste gauchiste des années 70, Robert Redford, derrière la caméra, s'offre devant le beau rôle de l'activiste recherché. Il incarne un ancien membre du Weather Underground devenu un avocat sans histoires toujours prêt à aider son prochain. Un jeune journaliste ambitieux (Shia Labeouf) découvre que ce Jim Grant n'est pas celui qu'il prétend. La chasse à l'homme peut commencer. Redford court après son passé pour se disculper de meurtre, le journaliste court après lui pour avoir la vérité et le FBI court après eux pour rendre justice à un État incapable de reconnaître ses erreurs.

 

Sous Surveillance renoue avec le grand amour de Redford : un cinéma politique où l'intrigue dénonce saloperies passées et présentes de la grande Histoire américaine. Toujours en quête de vérité, le justicier Redford passe les trois-quart du film à arpenter l'Amérique pour retrouver son passé. Son passé ce sont ses anciens camarades de combat. Que sont-ils devenus ? Mère de famille comme lui qui est père, prof à l'université ou garagiste. De bons américains qui refusent de parler de l'époque de tous les possibles ou bien au contraire l'évoquent avec une rage précieuse et sans l'once d'un regret. Dans un tête-à-tête duel, l'ancienne activiste arrêtée (Susan Sarandon) dresse au jeune et insolent journaliste le portrait de cette jeunesse que l'histoire a manipulée. Ils n'étaient pas des hippies défoncées à l'acide baisant à tout va comme le veut la légende mais des humains incapables d'accepter que des frères aux quatre coins du monde puisse subir la violence et la démesure de l'Empire Américain. A la violence d'une guerre au Vietnam, le Weather Underground avait choisi de répondre par la violence. Action à laquelle se refuse le personnage de Robert Redford – comme l'acteur dans la vraie vie. Violence qui le conduit à la séparation avec son amour de l'époque car elle avait choisi, comme le reste du groupe, la lutte armée comme moyen de contestation. Cinquante ans plus tard, c'est cette femme qu'il lui faut retrouver pour prouver son innocence

 

Cette chasse à l'homme, bien menée et plutôt touchante, tourne à la chasse aux idéaux. Redford acteur culte d'un cinéma engagé, ne les abandonne pas mais les teinte d'un désenchantement dont l'époque désabusée se serait bien passée. Le monde d'hier, les jeunes d'hier, ressemblent tous deux étrangement à ceux d'aujourd'hui. Dans cette bataille menée pour savoir si « l'espoir est-il encore de rigueur » on n'en viendrait presque à déposer les armes et lâcher une petite larme quand la bien-aimée toujours éprise de justice malgré le temps fait machine arrière et revient avouer son crime pour innocenter son amour passé.

 

Scénario à bout de souffle avec un Redford essoufflé, Sous Surveillance se laisse regarder avec bienveillance par amour pour l'éternel blond. Le tout avec des yeux mélancoliques qui crèvent d'envie de demander au Robert Redford des Hommes du Président de revenir, de nous jurer que nous pauvres âmes nés trop tard pour être sous acide H24 et défendre le reste de l'humanité nous n'abandonnerons pas le peu d'idéaux qu'il nous reste.

Baisse de tension chez Robert Redford
Tag(s) : #Robert Redford, #Sous Surveillance, #Susan Sarandon, #Shia Labeouf, #Weather Underground, #cinéma politique
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