La politique est à l'image de la vie. Une valse sans fin de prétendants avec leurs
qualités et leurs défauts. Un immense bordel où les uns piquent le poste des autres et vice-versa. Une magouille maquillée où l'on adresse des cartons rouges aux uns et des bons points aux
autres. Un tourner manège avec son quota de jeunes, de vieux, de droite, de gauche, de centristes et bien évidemment de maghrébins. L'épisode inévitable après des élections, politiquement parlant
désastreuses, a été diffusé hier et a tenu sa promesse de soubresauts inattendus. Le scénario de cet énième remaniement ministériel s'est révélé plutôt alléchant et promet de beaux jours pour les
détracteurs du gouvernement Sarkozy.
Le Sarko show a encore frappé. Comme à l'époque des ces rois de
France, despotes en tout point, la cour de ce bon Nicolas Ier s'est vu chamboulé sous l'ordre même du roi. Peu importe l'avis du Premier Ministre qui joue les seconds rôles de série B, le
gouvernement "Fillon V" s'élaborera sans l'opinion de François Fillon. Plutôt favorable à la longévité de ses ministres, François Fillon a vu les siens faire leurs cartons et quitter leurs
ministères. Dans la vie, c'est pas nouveau, il y a les perdants et naturellement les gagnants.
Les gagnants du "Fillon V" sont, bien évidemment, les 29 ministres ayant gardés leur poste au sein du gouvernement. 29 ministres que Sir Sarko a choisit de garder dans sa cour afin de
soutenir son œuvre. Parmi eux, 8 petits nouveaux et 21 anciens qui s'amusent allégrement aux jeux des chaises musicales. Michèle Alliot-Marie fait valser Rachida Dati et lui pique son poste au
Ministère de la Justice. Brice Hortefeux prend la place de MAM au Ministère de l'Intérieur. Son poste a lui étant attribué à l'enseignant le plus haït de France, Xavier Darcos. Luc Chatel a pour
cadeau, quand à lui, la pénible tâche de remettre le Ministère de l'Enseignement à flots. Après les gagnants, viennent les perdants, les victimes des lubies politiques du Présidents. Bernard
Laporte, André Santini, Christine Boutin disent adieu à leurs ministères respectifs.
Une fois le jeu des chaises musicales achevées dans la bonne humeur pour certains et dans les yeux rancuniers des autres, Nicolas Sarkozy a pu récompenser ses bons élèves en leur laissant leur
ministère de prédilection. Ainsi Jean Louis Borloo conserve son poste au sein du Minsitère de l'Écologie, Christine Lagarde reste Ministre de l'Economie et Bernard Kouchner garde sa place au sein
du Ministère des Affaires Étrangères et rafle la mise en écartant de son chemin les désaccords de sa Secrétaire d'État Chargée des Droits de l'homme, la têtue Rama Yade. On se souvient,
naturellement, des prises de position de la jeune femme qui allait à l'encontre de la politique du duo Sarkozy-Kouchner au sujet de la venue du colonel Khadafi à Paris. Depuis, Rama Yade était en
mauvaise posture vis à vis de celui qui l'a mené sur les sentiers de la gloire. Victoire pour la jeune femme qui, malgré ses convictions, n'est pas entrée dans le rôle que le Président lui avait
attribué. Le "sois belle et tais-toi," n'a pas fonctionné pour elle. Par conséquent, elle est reléguée au second plan avec un poste au Ministère des Sports. Drôle de carton rouge pour une jeune
femme à la côte de popularité en grande hausse.
Même si Nicolas Sarkozy écarte ses deux favorites, Rama Yade et Rachida Dati, figures de proue d'une France métissée, il continue tout de même à respecter sa politique des quotas. Quota de
métissage avec la jeune Nora Berra, chargée des personnes âgées. Quota de centristes avec Michel Mercier, trésorier du Modem. Et quota de gauchistes avec Frédéric Mitterand qui devient Ministre
de la Culture. Le grand gagnant du Sarko show est certainement cet homme au nom si prestigieux. Son entrée au sein d'un gouvernement de droite fait grand bruit et par conséquent la une des
médias. Pourtant, il ne faut pas oublié que le neveu de François Mitterand n'est de gauche que par son patronyme. Cela fait déjà quelques années que ce grand homme du monde de la culture a quitté
les convictions de la gauche et de son oncle pour un revirement à droite et une proximité affirmée avec Nicolas Sarkozy. Cette homme de lettres quitte la Villa Medicis pour prendre la place de
Christine Albanel au sein du Ministère de la Culture et se voit confier le complexe dossier HADOPI. Cette nomination fracassante n'est que la continuité d'une politique sarkozyste menée avec
habilité par un Président cultivant sans cesse son obsession pour le médiatique et les coups d'éclats. L'entrée de Frédéric Mitterand n'est qu'une surprise de plus dans la politique de Nicolas
Ier qui, peut être un jour, ira même jusqu'à convoiter les descendants de Blum et de Jaurès...