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Sois sereine, mon coeur. C'était le titre de l'épisode. Jamais je n'ai pu me l'ôter de la tête. Mon épisode préféré, conservé avec soin dans cette ancienne K7. Episode 13, saison 6. "Sois sereine, mon coeur" disait une patiente septuagénaire à Abby Lockart, une modeste interne lâchée dans la tourmente des Urgences. L'épisode était à l'image de la série et de la vie, aussi. Un truc bien trop court qui vous prend à la gorge pendant 40 minutes, vous fait sourire puis pleurer l'instant d'après. Vous fait éprouvez en moins d'un quart d'heure  les sentiments les plus contradictoires. De l'amour de votre prochain, l'instant d'après, vous passez à la haine de votre système.


"Sois sereine, mon coeur" disait ce fameux épisode plein de mauvaises surprises comme la vie. On y voyait se succéder deux enfants perdant leurs parents dans un accidents de voiture, un médecin et son interne attaqués par un patient schizophrène, une vieille femme sur le point de mourir en toute sérénité. A cette époque là, j'avais l'âge de 15 ans, mon amoureux s'appelait John Carter et j'avais rendez vous avec lui tous les dimanches soirs sur France 2. Hier soir, il m'est réapparu. Plus beau que jamais, mais avec une certaine tristesse dans le visage que je ne lui connaissais pas. C'était donc fini. C'était donc la dernière fois qu'il me revenait. Sept ans après, beaucoup de choses avaient changées. Le décor, les gens, la vie n'étaient plus tout à fait les mêmes. Mais j'étais toujours là, enfouie sous ma couette et mes coussins, ma tablette de chocolat au lait Milka. Avec John Carter...



Tout à une fin. La vie comme les séries. Même un service d'urgences a une fin. La série phare des années 90 s'apprête à fermer les portes des salles de trauma où nombres de blouses blanches et de corps ensanglantés se sont succédés après 15 ans de bons et loyaux services. C'est officiel, le 23 août prochain, l'équipe du Cook County  Hospital quittera définitivement notre petit écran. Elle laissera derrière elle des performances incroyables (327 épisodes, série la plus nominée aux Emmy Awards, ...), des blouses blanches aux noms prestigieux tels que Mark Greene, Doug Ross et John Carter, mais ce qu'elle laissera avant tout se sera cette capacité fantastique à se rapprocher au plus près du réel, comme nul avant elle n'avait réussit à le faire. Deux lettres: ER (Emergency Room pour la version orignale), deux lettres qui éveille les souvenirs des fidèles de la messe du dimanche soir. Loin des sarcasmes de Doctor House et des coucheries de Meredith Grey et de Dereck Sheperd, aux urgences du Cook Country de Chicago ont sauvent des vies en même temps que la vie suit son cours. A l'origine de la série, on retrouve deux grands noms: le romancier Michael Crichton et le réalisateur Steven Spielberg. Leur seconde collaboration, la première étant Jurassic Park, a pour but de révolutionner l'image du monde hospitalier par le biais du petit écran. Ils se lancent dans un épisode pilote où les spectateurs découvrent pour la première fois les aventures d'un service d'urgences d'un modeste hôpital universitaire américain. Nous sommes en 1994, la petite série de NBC s'apprête à révolutionner le petit écran. Les saisons s'enchaînent, les blouses blanches s'échangent, d'autres tombent mais l'audience est au rendez vous.

Chaque dimanche soir, des deux côtés de l'Atlantique, les spectateurs attendent avec impatiente leur rendez-vous médical. Tout va très vite autour d'eux, des brancards un peu partout dans les couloirs, une salle d'attente pleine à craquer, des voix demandant de suite des NFS, Chimie, Iono, gaz du sang, des infirmières courant de tous les côtés, des médecins et des internes flirtant dans la pharmacie ou sur les toits du Cook County. Voici la marque de fabrique d'Urgences: un vocabulaire ultraréférencé, une caméra en immersion dans un service maudit et puis des êtres qui s'aventurent à sauver le commun des mortels. Ajoutez à cette recette étonnante une petite dose d'amour entre les professionnels de la trachéotomie et de l'intubation et vous obtiendrez le succès des séries télévisées des nineties. Si Urgences a fonctionné, ce n'est pas uniquement grâce au plus beau pédiatre de tous les temps et de ses amours contrariés avec l'infirmière Carol Hataway. Non, si Urgences entre au panthéon des séries télévisées, Doug Ross (alias George Clooney) n'y est pas pour grand chose. Urgences doit son succès a son réalisme. En ouvrant les portes de ses blocs opératoires et de ses urgences, le Cook County Hospital a plongé son spectateur dans un océan de réalité pénible à regarder et, parfois, à admettre. Nous sommes aux Etats-Unis dans les années 90, la caméra suit le rythme infernal d'un service maudit les urgences. Le lieu où l'on accueille et soigne ceux dont personne ne veut. Les alcooliques, les drogués, les sans abris, les immigrés. Le lieu où la modeste population américaine doit faire face aux inégalités de la couverture sociale. Combien de miséreux se sont succédés sous les stéthoscopes des médecins des urgences? Face à la misère et le mal de vivre de cette classe populaire, les cas de conscience se sont élevés tentant de venir en aide auprès de ceux que le système bafoue et humilie. Durant près de quinze ans, Urgences a essayé d'éveiller les consciences et les coeurs de ses spectateurs à grands coups d'événements tragiques. Combien de larmes versées ces dimanches soirs face à l'engagement du Docteur Carter au Darfour, à l'homosexualité du Docteur Weaver, à la séropositivité de Jeannie, au cancer de Mark Greene, à la mort de Michael Gallant en Irak, à l'alcoolisme de Abby Lockart... Au delà, des drames personnels que la vie a imposé aux professionnels du Cook County Hospital, il y avait les drames de tous ces patients arrivés aux urgences dans le froid de Chicago. Des drames imposés et commis par la société et le système américain. Le 23 août prochain Urgences fermera définitivement ses portes et nous laissera là, impuissant sur nos canapés du dimanche soir avec nos souvenirs. Hélas la triste réalité du système de santé américain, elle, subsitera et la population modeste américaine continuera à la subir.

Tag(s) : #Télévision
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