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Les préludes du nouvel album d'Iggy Pop se font entendre depuis plusieurs mois maintenant. Quelques indices lancés au hasard: une source d'inspiration Houelbecquienne, une illustration de la Marjane Satrapi, un duo avec une actrice française et une reprise d'un classique français. Le tout avait l'air diablement séduisant. Mais c'était oublié le titre. Un titre prometteur, l'espérance d'un instant fantastique passé avec l'Iguane: Préliminaires. Selon la légende américaine du rock, la vie n'est que préliminaire. Préliminaire à la mort, préliminaire pour chacune de nos actions, réflexion désarmante sur le dois-je ou ne dois-je pas. Iggy a certainement trop lu Houellebecq, hélas, cela le rend encore plus séduisant que lors de ses années psychédéliques où il se détruisait à coup de drogues et de musiques.

Iggy chez les existentialistes
L'album aurait pu s'intituler "Iggy chez les existentialistes". Nouvel album, nouvel épisode de la vie d'Iggy. Le papy du rock sait parfaitement jouer les Préliminaires. Il suffit dans un premier temps de reprendre cette voix magistrale et envoûtante de In the death car. Il faut également s'inspirer du beau Serge (Gainsbourg), reprendre sa marque de fabrique infaillible: un mélange studieux de mélancolie et de cynisme qui fait tomber les filles. Une fois la voix parfaitement installé, il faut jouer de son torse. Ah, le torse d'Iggy, il est rentré dans l'Histoire et ne veut plus en ressortir. Torse de drogué, lacéré et exhibé jusqu'à l'impudeur sur scène. Torse de bête de scène se tortillant, ondulant aux quatre coins de la planète. Une fois le torse exhibé et la scène enflammée, il faut le titre qui va marquer ces Préliminaires.

 

 

La Chanson de Prévert
Disque francophile par excellence, ce nouvel album solo s'empare d'un thème majeur de la littérature française: le temps, le temps et rien d'autre. Crise de la soixantaine oblige, Iggy Pop doit affronter cet âge de la maturité et accepter le constat douloureux: l'horloge avance, tourne et ne s'arrêtera pas quoi qu'il fasse. Malgré un torse de jeune premier, une attitude déjantée comme lors de ses premiers pas sur scène, l'artiste est confronté au drame incurable de la condition humaine: la vie file tout doucement sans faire de bruit. La chanson qui ressemble le mieux à cette fatalité incorrigible est un classique français, multi-interprété, multi-sacagé aussi. Elle débute et clôt ses
Préliminaires en beauté élevant Iggy Pop au nouveau rang de crooner. Voix suave, un brin fausse fredonnant les plus célèbres "pas des amants désunis", et Iggy Pop réussit son come back tant attendu et tant discuté. La Chanson de Prévert par Iggy est un moment d'apesanteur, le point G de ces Préliminaires, l'instant fantastique où Iggy va traîner ses talents du côté de la Rive Gauche et se transformer en poète en l'espace des quelques vers de Prévert et des quelques notes de Kosma.

Légende dévastée du rock, Iggy Pop élargit son champ d'action. Retour surprenant dans un environnement agréablement jazzy  aux subtiles French Touch, Iggy joue le crooner aux accents dramatiques et le résultat est brillant. Certains le déclare loin des Stooges, pourtant à entendre la beauté de sa voix en direct au studio 105 de Francer Inter, ce jeudi soir, on l'imagine déhanchant ce corps sculptural et mythiquement rock'n'roll. L'ancien Stooge remonte la pente et gravit des sommets. Préliminaires réussies, succession de morceaux imprégnés de la culture française, d'instants musicaux éclectiques avec un allé direct aux premières heures du jazz primitif où la trompette de Louis fredonne à tue-tête (l'excellentissime
King of the dogs) , un détour dans des contrées bluesy (He's dead/She's alive) et des purs moments de flottement sur une île Houelbecquienne perdue dans l'immensité de l'océan (How intensive, Spanish coast). Un nouvel Iggy tout en douceur...

Site Officiel du nouvel album d'Iggy Pop

Ecouter Préliminaires

Tag(s) : #Musique
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