« Je me promenais une heure, entrais dans six boutiques, discutais avec tout le monde, sans gêne. Je me sentais toute libre, toute gaie. Paris m'appartenait. Paris appartenait aux sans scrupules, aux désinvoltes, je l'avais toujours senti, mais cruellement, par manque de désinvolture. Cette fois, c'était ma ville, ma belle ville dorée et tranchante, la ville « à qui on ne la faisait pas ». J'étais soulevée par quelque chose qui pouvait être de la joie. Je marchais vite. J'avais un poids d'impatience, de sang aux poignets ; je me sentais jeune, ridiculement jeune. Dans ces moments de bonheur fou, j'avais l'impression d'arriver à une vérité beaucoup plus évidente que les pauvres petites vérités rabâchés de mes tristesses. »
Un Certain sourire de Françoise Sagan