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Le 20 janvier prochain, le dessinateur Joann Sfar ressuscitera Serge Gainsbourg sur grand écran. Après des mois d'attente, les admirateurs du beau Serge découvriront enfin ce Gainsbourg (Vie héroïque), un biopic au casting alléchant et au sujet majestueux. En attendant la venue de la date fatidique, les amoureux de la verve Gainsbourienne pourront patienter avec la sortie dans les bacs de la bande originale du film. Quelques morceaux cultes revisités avec magie pour redécouvrir le génie de l'homme à la tête de choux.


Quelle surprise de découvrir dans les bacs des bons disquaires ces jours-ci un avant-goût du Gainsbourg (Vie héroïque) de Joann Sfar! Un avant-goût lumineux de beauté et un brin mélancolique qui laisse entrevoir la magie d'un biopic pas tout à fait comme les autres sur un artiste unique en son genre. À la première écoute de la bande originale, on se plait à imaginer des scènes célèbres ou inconnues de la vie de Lucien Ginzburg alias Serge Gainsbourg. De l'enfance d'un gamin prodige aux frasques d'un Gainsbarre outrancier et divin, la bande originale de la « vie héroïque » de Serge Gainsbourg lève le voile sur une biographie filmique fantasmée, onirique et tristement réelle. Des ritournelles qui mettent l'eau à la bouche...


Attention! La bande originale du film de Joann Sfar produit le même effet que son sujet : une addiction immédiate et profonde. Ce double album de 43 titres s'ouvre sur un « Taxi 69 », la redécouverte des quelques notes cultes du « 69, Année Érotique » du couple Gainbourg-Birkin qui laisse l'auditeur mélancolique et désabusé. Dès le second titre, un « Nazi rock » survolté interprété par le groupe Dionysos, tout s'accélère et se transforme en joyeux (ou triste) bordel musical à l'image de la discographie de Serge Gainsbourg qui s'amusait à jouer avec tous les airs jazzy, yéyé, rock et reggae. La suite est d'une qualité étonnante et pleine de jolies surprises. La réussite de cette BO réside certainement dans ce refus catégorique de donner dans le biopic classique. Oui, vous n'entendrez la voix nonchalante de Gainsbourg que pour une triste et sobre valse avec sa Melody et un mythique et révolutionnaire « Je t'aime, moi non plus » avec sa muse Jane. Le reste du temps vous vous surprendrez à vous laisser séduire par la voix envoûtante d'Éric Elmosnino en Serge Gainbourg, la voix abimée d'Anna Mouglalis en Juliette Gréco, la voix juvénile de Sara Forestier en France Gall et la voix enjouée de Philippe Katerine en Boris Vian.


G3

 

La magie opère donc. Vous n'avez pas encore vu les images du biopic mais la simple voix de ces protagonistes sublimes suffit à vous faire croire sincèrement en la vie héroïque de Gainsbourg. La grandeur de cette BO est de créer un univers propre au poète, chaque acteur n'y cherchant pas le mimétisme banal et déshonorant mais une façon de redonner vie à son personnage, de le saluer avec révérence et originalité. Ainsi l'espace de quelques secondes, Joann Sfar ressuscite un couple mythique et pourtant couple de l'ombre, une BB et un Gainsbarre d'une émotion effarante. Le réalisateur laisse alors l'auditeur, futur spectateur, pénétrer dans les coulisses d'une création divine, les coulisses d'un amour sans issues comme celui de « Bonnie and Clyde ». Autour des compositions cultes de Gainsbourg interprétées par les acteurs viennent s'incruster, outre des dialogues parfaitement choisis, des titres sur-vitaminés interprétés par la nouvelle garde de la chanson française. À l'écoute de l'enthousiaste « Qui est in qui est out? » de Emily Loizeau et Jeanne Cherhal ou l'ensorcelant « Love on the beat » de Nosfell, on réalise l'immensité de la plume Gainsbourienne. Une œuvre magistrale, subjugante et sans frontières. Un artiste intemporel.


G2


Confiée au compositeur Olivier Daviaud, cette bande originale prend des airs de véritable album artistique et non pas, comme souvent au cinéma, une succession de tubes sans envergure. Ici, l'auditeur se replonge dans un univers artistique délicieusement en marge de la chanson française, une matière exceptionnelle emplie de bons mots, de pensées vitriolées, d'aphorismes, de provocations jubilatoires et de volutes singulières. L'écoute de cet album soulève des souvenirs impérissables dans les mémoires des fans. Des souvenirs revisités, des morceaux différents et pourtant tellement authentiques sur le fond. Chaque chanson est recrée et déborde d'imagination. Toutefois il subsiste en chacune d'entre elles la trace de ce pessimiste forcené, de ce grand faussaire et génie qu'était Serge Gainsbourg. Entre liberté et humilité, l'album évite l'erreur du pâle plagiat. Au contraire, il convoque toutes les images et mots d'un Gainsbourg complexe et onirique. Certains morceaux vous feront frissonner. D''autres vous mettront la larme à l'œil comme de pures composition du vrai Gainsbourg. Enfin tous vous pousseront à (re)découvrir une œuvre majeure de la chanson française et vous entraineront vers les salles obscures le 20 janvier prochain...


 

Coups de coeur :


 

 







Tag(s) : #Musique
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