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1IMG 0789C'était le concert à ne pas manquer pour la petite provinciale que je suis. Alex Beaupain à La Rochelle c'était un rêve impossible... exaucé par les Francofolies. Pour les ignorants, Alex Beaupain c'est bien-sûr le type qui écrit des chansons d'amour pour les irrésistibles drames sentimentaux du cinéaste Christophe Honoré. Mais Beaupain ce n'est pas qu'un créateur de bandes-originales poétiques et singulières c'est aussi, qu'on le veuille ou non, de la chanson française dans le pur esprit de celle-ci. Du beau texte posé sur des mélodies parfois typées variété, parfois pas. Beaupain enfin, c'est l'amour dans toute ses étapes, de la naissance à la disparition insidieuse ou fracassante. L'amour dans tous les sens aussi, des plans baises au Père Lachaise au plancher de l'appart parisien. L'amour des corps insatiables, filles et garçons y compris, devant ou derrière y compris. Beaupain c'est ultra-bobo selon les bobos et ceux qui ne le sont pas aussi. Mais après avoir passée 1h15, suspendue aux gestes du trentenaire, fascinée par sa prose éblouissante et désarmante, je fais la promesse solennel de ne plus jamais dire que Beaupain c'est bobo. Beaupain c'est à la portée de tout le monde. Du moment que tout le monde est sensible à la beauté. Beaupain c'est simplement beau. Une beauté hypnotique menant dans les sphères indicibles du tourbillon de la vie.

 

Le tourbillon de la vie ou les trois mots chers à la plume d'Alex Beaupain : pleurer, baiser, crever. « Juste ces mots pour vous dire qu'il fait un temps à pleurer, à vomir », un temps à baiser et crever aussi, tels seront les premiers mots du chanteur pour le public de La Coursive. Sans doute que certains n'auront pas trouver ce début de concert très gai. Pour les avertis, ça vous confirme la chose, ça vous fout une claque insensé, un frisson gigantesque qui va durer 1h15. 1H15 ponctué d'un humour cinglant, si cinglant qu'il semblait parfois échappé d'un film de Christophe Honoré, du cynisme délicieux des personnages interprétés par Louis Garrel. L'humour chez Beaupain semble être une marque de fabrique pour atténuer certainement la douleur crue de ses propos chantés. Il est vrai que ce jour-là, il faisait un temps à pleurer. Le ciel déversait des larmes de pluie depuis le début de la matinée sur la cité rochelaise, la faute certainement aux dieux de la chanson française qui, sait-on jamais, grondaient la venue d'un certain David Guetta, le soir-même à quelques pas d'ici. Ce cher David, les oreilles ont dû lui siffler durant ces 1h15 où Beaupain auteur-compositeur-interprète n'a cessé d'ironiser sur la venue du DJ dans un temple de la chanson française. Sacrilège diront certains.

 

1IMG 0824La chanson française, Alex Beaupain lui donne un souffle nouveau, il la réanime par la force des choses, des mots bruts et crus. Ici on ne s'attache pas bêtement pour s'empoisonner ensuite, non ici, on est plus complexe que ça, on est véritablement comme les êtres qu'on transperce, on est fait de chair souvent, de sentiments parfois et d'idéaux désincarnés sûrement. Beaupain ne flatte pas son public, il ne l'embobine pas comme la variété classique qui gangrène les ondes, il l'égratigne souvent avec son lyrisme innovant, dévorant. Des ruptures consommées aux ivresses fusionnelles, des déceptions amoureuses aux désillusions politiques, Beaupain a exploré le meilleur de son 33 tours et de ce pourquoi battait son cœur.

 

Étrangement l'émotion habituelle à l'écoute des maux du jeune homme est décuplée puissance 1000 en live. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que même si tout est subtilement travaillé (de la présentation exquise de l'équipe qui l'entoure aux blagues politiques ou musicales), il s'échappe de ce type à quelques mètres de moi, une sincérité désarmante et élégante dans toutes les étapes du tourbillon de la vie, magnifique ou dégueulasse qu'elle est.

 

P.S : Bien-sûr j'ai chialé sur « Brooklyn Bridge ». Et bien-sûr (heureusement) que j'ai trouvé pire que moi en la personne de ma voisine de concert, voleuse de bouteille d'eau de ce cher Alex Beaupain à la fin du concert. Groupie or not groupie.

 

Le concert en images (Alex Beaupain à La Coursive, le 16 juillet 2011) :

 

 

Critique Pourquoi battait mon coeur d'Alex Beaupain

 

 

Tag(s) : #Musique
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