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Alors que le 31 décembre approche à grand pas, que les magasins débordent de gens heureux contaminés par la fièvre acheteuse de Noël, que les bambins savourent leur période favorite de l'année (bande de sales naïfs!), ma rolex imaginaire m'indique qu'il est venu l'heure du bilan. Ce mot est terriblement laid et dérisoire. « Bilan ». Comment faire le condensé d'une année? Tirer les points positifs et négatifs de 365 jours dans une vie? Faire le tri et ne garder que les choses véritablement marquantes? C'est un acte très difficile pour moi. Presque impossible pour une jeune demoiselle qui n'aime pas faire le tri ni dans ses armoires, ni dans sa vie. Mais rien n'est impossible, parait-il... Dans quelques jours, 2009 prendra, enfin, fin. Alors me voilà fin prête. Bloc notes en main, j'élabore ce retour dans mon passé, celui de l'année 2009, pour vous faire (re)découvrir ce qui a construit mon année 2009. Coups de coeur. Coups de gueule. Coup de blues. Magnéto!


Musique : Le désespoir de Biolay fait vivre!


biolay280709.jpg2009 a été une année musicalement très riche. Ma bibliothèque a largement passé le stade des 300 albums (félicitation à elle!) et mes oreilles, quant à elle, ne feront pas long feu selon les dires de mes proches! Peu importe. Si aujourd'hui, je devais partir sur une île déserte avec un seul album de ma Cdthèque de l'année, je partirais avec Biolay. Sans hésiter. Par ce geste, je ne ferai aucune infidélité au grand Gainsbourg, puisque je kidnapperai son unique et digne héritier. Pourquoi le dernier album de Benjamin Biolay est-il si superbement beau au point que je ne retienne que lui? Et bien tout simplement parce qu'il s'agit d'un sincère et pur coup de foudre. Le style de coup de foudre où il est 9h00 du mat' et qu'encore en pyjama, tu te lèves et te dis : « Il me faut le Biolay, je peux plus vivre sans lui. Il me le faut tout de suite! ». Alors tu sors pas maquillée, le cheveux en vrac, tu fais tous les magasins de ce maudit bled, et tu le trouves enfin, ton Saint Graal. Une fois dans ta platine, le Biolay te soulage parce qu'il est aussi complexe et abimé que toi. Parce qu'il a tout compris à la vie, il devient une drogue incontrôlable. Mauvais garçon assumé, il reste fidèle à lui-même dans une époque où tout fout le camp, où il faut rentrer dans le rang sous peine d'être égratigner. Lui l'écorché vif, il égratigne avec ses mots, avec ses rimes. Avec beauté. Surdoué et toxique, Biolay signe mon meilleur album de l'année.


Cinéma : Du rire aux larmes!


19028560 w434 h q80Pour une vraie cinéphile, il est sacrément impossible de faire un choix en matière de Septième Art. Cette année, mes yeux se sont tellement acclimatés au grand écran de la salle obscure que j'en ai presque le regard abimé et fatigué par tant de belles choses, d'émotions et de rires en tous genres. Pas de film de l'année. Juste quelques films bouleversants qui resteront à jamais dans la mémoire de la cinéphile. Dans mon fauteuil rouge j'ai énormément pleuré, pour changer. Des larmes pour Vincent Lindon qui combattait à sa façon la politique de l'opportuniste Monsieur Besson. Des larmes pour MJ, pour sa naïveté enfantine et sa bonté démesuré. Des larmes pour Chiara Mastroianni perdue dans le tourbillon de la vie, seule contre tous, femme étouffée par tous. Des larmes pour Daniel Auteuil qui réalisa bien trop tardivement à quel point il l'aimait. Dans mon fauteuil rouge, j'ai souris béatement, sans gêne. Sourire devant le meilleur espion de tous les temps OSS 117 et ses bourdes cultes. Sourire devant Johnny Deep faisant la cour avec beauté à la frenchy Marion Cotillard. Sourire devant Joey Starr et Maïwenn se disputer comme un vrai couple. Sourire devant Brad Pitt dans l'univers complètement barré de Tarantino. Dans mon fauteuil rouge, j'ai vibré pour eux. J'ai tremblé pour ce prophète, homme au bord du précipice, poussé par la société. J'ai vibré pour cette professeure de ZEP aux yeux si bleus qui récitait Molière, elle aussi au bord du précipice. J'ai eu cette sensation indicible quand Kate Winslet a avorté sous mes yeux dans son Amérique puritaine des années 50. Ma tête est un kaléidoscope permanent. Sans interruption, les images et séquences défilent. Et si je devais faire l'effort insoutenable de n'en garder qu'une, sans aucune hésitation, L'Etrange Histoire de Benjamin Button de David Lynch serait l'heureuse élue. Parce que en deux heures, ce conte « fitzgeraldien » m'a transporté du rire aux larmes. Et tout simplement parce que la vie devrait ressembler à ce petit et modeste appart' où Benjamin aime Daisy sur un air endiablé des Beatles.


Littérature : Bonjour Tristesse!


MesIllusionsAprès les images viennent les mots. Si j'oublie deux secondes mon amour excessif pour les mots de Frédéric Beigbeder et son grand et beau Roman français, je ne retiendrai de cette année 2009 que le jolie coup d'éclat du jeune Sacha Sperling avec ses désillusions sur la vie et les êtres qui y vivent. Un livre lu en un allée-retour Paris-Luçon : Mes Illusions donnent sur la cour. Livre dévoré parce qu'il est écrit par un gamin de 18 ans qui a réalisé un jour, comme Sagan en son temps, qu'il était profondément atteint par un sentiment inconnu et obsédant. « Nous sommes des milliers à avoir une bombe à retardement en nous. Vous l'avez sûrement oublié, mais comme moi, vous avez un jour pris conscience de votre ennui et à cet instant, il vous est devenu insupportable. Parce que comme moi vous avez eu 14 ans ». Si ce livre entre dans mon Panthéon des grands romans de mon adolescence sans frontières c'est certainement parce qu'il est unique et en même temps, il traîne au hasard de ces pages, cet air délicieux de déjà vu. Le petit Sacha rassemble sous sa plume tous ces êtres issus de la jeunesse dorée que j'ai tant aimé jadis. Une bonne dose de Beigbeder par ici : de la coke, du cynisme, de l'alcool, des filles et des mecs dans les lits ou des mecs et des mecs, tout simplement. Un brin de Lolita Pille pour cette vie dans les beaux quartiers où l'on vit la nuit avec l'argent de papa et où l'on se perd dans les bras d'un inconnu. Puis ce je-ne-sais-quoi du charmant petit monstre Françoise Sagan dans la prose, dans cette façon indécente de dire que tout n'est qu'illusion... ou désillusion. Mes Illusions donnent sur la cour est le Bonjour Tristesse des années 2000, un roman dur, poétique et lucide face à la vie. « Sacha n'est qu'un rêveur, son chat s'appelle Chimère, et ça aussi c'est un mensonge » tels sont les mots qui viennent clôturer une jolie chronique sur la petite bourgeoisie parisienne. Un documentaire émouvant sur tous ceux qui ont eu 17 ans et qui, comme Rimbaud, n'ont pas été sérieux. Et puis surtout un titre reprenant les rimes d'un certain Serge Gainsbourg.


Télévision : Mon oeil est critique!


OeilSi je faisais preuve d'originalité un petit peu pour une fois? Outre mon addiction enfantine à l'esprit canal, du midi avec Bruce Toussaint et son émission très spéciale au soir avec Michel Denisot et son très grand journal, je serais perspicace en avouant que mon rendez-vous favori, cette année, arrivait en fin de semaine. Le samedi à 13h15 très exactement quand Laurent Delahousse laisse la parole à « Mon œil ». Pendant ces 8 à 10 minutes de chronique exquise, il ne faut clairement pas « M'EMMERDER »! Tout le monde se tait et écoute la petite lucarne et l'esprit délicieusement critique (et par conséquent lucide) de Michel Mompontet. Ce grand monsieur a pour spécialité d'ouvrir grand ses yeux sur une semaine d'actualité, souvent mouvementée, pour en réaliser une chronique amer sur l'état de cette société dans laquelle on s'oublie. Car il n'est question que de ça : l'oubli. L'œil de ce journaliste de 48 ans est une formidable occasion de revisiter des images, des discours, des buzz, des disputes, des paroles en trop que l'on consomme à la va vite dans nos petites et obsolètes semaines. L'œil de Mompontet est cet œil que nous devrions être tous capable d'avoir sur des événements qui s'enchainent et que l'on oublie aussi vite que nous les avons consommés. Une chronique qui passe à l'acide les travers des politiques et de la société française. Une chronique hebdomadaire sur une chaine du service public. Une chronique peu tendre à l'égard de ce cher Nicolas Sarkozy, qui parait-il n'apprécie point les commentaires perspicaces de Michel Mompontet. Parce que « Mon œil » témoigne des maux de l'actualité, des sous-entendus qu'elle dissimule, il est devenu en deux ans  d'existence, un court instant indispensable dans le paysage audiovisuel français. Parce que « Mon œil » soulage de tout ce que l'on pense mais que personne n'ose admettre haut et fort, il est, à mes yeux, ce moment télé immanquable de l'année. 


Coups de gueule : J'irai craché sur votre monde!


Nicolas_sarkozy.jpgArrive enfin le plus délicat à choisir : le coup de gueule. Je suis une éternelle insatisfaite (et fière de l'être), pourrie d'idéaux et consternée par les idéaux de mes contemporains (quand ceux-ci en ont, chose rare). Bref, ma vie est un coup de gueule permanent. Dire que mon coup de gueule se dirige vers Monsieur Nicolas Sarkozy est un acte beaucoup trop facile, presque bas, à l'égard d'un homme qui finalement ne fait que son boulot, piètrement certes, mais aujourd'hui je ne taperai pas sur l'homme d'action. Attention! Pour une fois, je m'égare à complimenter le Président. Il est grand temps que l'année se termine!

Si Sir Sarkozy n'était point en place depuis ce terrible dimanche de mai 2007,où serions-nous aujourd'hui? Certainement au même endroit, dans des situations médiocrement similaires, à chercher du boulot ou lutter pour garder ce boulot. Le Petit Nicolas n'est pas le super-héros dont il a tant rêvé être, étant enfant. Non, il est soumis, lui aussi, aux aléas tragiques de ce monde. La crise, l'écologie, le chômage viennent entraver son programme de droite. Non, en toute franchise, je ne pense pas que la vie aurait été moins coriace sans la présence de Nicolas Sarkozy rue du Faubourg-Saint-Honoré.


La vie sans Sarkozy n'aurait pas été moins dure, certes, mais elle aurait été différente dans sa conception. Un jour, un Président de la République est allé fêter sa victoire au Fouquet's. Un autre jour, il est parti en vacances sur la yacht d'un riche et célèbre ami. La semaine d'après, il emmenait sa nouvelle compagne, top model s'il vous plait, en excursion à Walt Disney. Et le lendemain, le petit footing de trop. Le tout chronométré par une rolex, symbole de l'extrême réussite, comble de cette ère nouvelle, ère du blin-bling et du m'as-tu-vu outrancier. Le monde a changé, mes amis! Aujourd'hui ce qui compte par dessus tout n'est pas dans la tête mais dans les poches. Triste réalité que celle de cette France de Nicolas Sarkozy, initiateur d'un nouveau monde, celui du paraître, de la com' abusive et des idées nauséabondes. 2009 n'est pas l'année du Président. Bien au contraire. En 2009, Sarkozy a compris (il était temps) que sa manie d'envahir l'espace médiatique exaspérait le peuple. Alors malin le Sarko a placé ses soldats ici ou là, en douce ou en coups d'éclats, chacun à sa botte, les gentils soldats du sarkozysme ont défendu les intérêts du grand chef. Mon coup de gueule est là. Pas contre le grand chef de cette monarchie élective mais contre ces soldats du sarkozysme.


Les dérapages incontrôlés (ou parfois parfaitement maitrisés) d'une armée, habilement mis en scène par un seul homme, ont maintes fois animés l'actualité de 2009. L'importance d'un doigt d'honneur à une caméra de Canal Plus, d'une remarque profondément raciste, d'un hilarant lipdub, la régence prochaine du Roi Jean, les boutades de Lefebvre, les charters de Besson... J'en oublie certainement, mais comment retenir toutes ces boutades ou dérapages, je ne sais quel nom attribuer à de tels actes. Des écarts de conduite qui font la une des médias puis s'évaporent de nos journaux et enfin de nos têtes. On efface tout et on recommence. On reprend les mêmes et on re-défraye la chronique. De toute façon la semaine prochaine tout le monde aura oublié.


Les livres d'histoire, s'ils sont encore présents dans les cartables des écoliers dans quelques années, rapporteront-ils l'atmosphère exécrable qui plane sur la France depuis près d'un an? Cet air néfaste rampant entre toutes les classes sociales, entre toutes les religions, entre toutes les couleurs de peau. Air pollué par des idéaux passés et dépassés. Des idéaux croisés au hasard des pages d'un débat calculé sur une certaine et vacillante identité nationale. Est-ce que les écoliers, au lieu de « LOLer » et « IPhoner », savent ce que l'on nomme la France de Vichy? La vieille France du « Maréchal, nous voilà ». La France du « nous contre eux ». La France du « nous d'abord ». Mais c'est qui « nous » au fait? Au delà de ces polémiques honteuses qui ont frappé 2009, mon coup de gueule s'adresse à cette atmosphère installée dans mon doux pays depuis quelques mois... Ou serait-ce depuis toujours? Atmosphère honteuse que j'adore haïr, que je refuse, que j'exècre, que je vomis.


Voilà, c'est fini. La boucle est bouclée. Je terminerais 2009 comme je l'avais commencé : par une insatisfaction. Parce qu'elle est plus forte que les coups de coeur. Parce qu'elle est permanente tandis qu'eux sont instantanés et éphémères. J'ai passé mon année 2009 à critiquer le monde, à cracher à la gueule de ce monde. Mais, sans aucun doute, ce monde me possède entièrement.

 

Tag(s) : #Chroniques de l'asphalte
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