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Mets ton égo de côté pour une fois. Avoues-le. Oublies ta pseudo-élite bien pensante. Ta chanson française et sa prose envoûtante. Admets-le. Tu l'écoutes en cachette sur ton Ipod. Et quand tu pars en vadrouille entre nanas, tu supplies pour que l'auto-radio de ta copine crache avec délivrance son « Bad Romance ». Oui, il est temps de capituler. C'est dur à admettre mais ça ne tient qu'en seulement trois petits mots qui ne t'écorcheront même pas la langue : « J'aime Lady Gaga ».


Été 2009. L'écran enchaine les clips à l'américaine. Toujours des jolies blondes à moitié nues, à la poitrine surdimensionnée, et entourées de beaux garçons, comme on en fait rarement dans la vraie vie, il est important de le souligner. Soudain, on s'enflamme pour une blondasse, semblant être légèrement plus loufoque que les autres blondasses de sa patrie. « C'est quoi ça?! » (Oui, j'admets avoir toujours eu un léger temps de retard en matière de pop, j'en suis encore à danser sur « Like a virgin » en petite culotte dans ma chambre. Personne ne pourra détrôner Madonna en matière de pop, à mes yeux). Suite à ma boutade, tout le monde me dévisage comme si je venais d'une autre planète. En même temps, il faut dire qu'en Vendée, NRJ se capte très mal, donc oui, je viens d'un autre monde si on l'entend ainsi. Je gueule donc (pour changer) après cette folle en tenue extravagante, qui s'amuse à caresser hommes, femmes et chiens (pourquoi pas, après tout!). Quelques semaines plus tard, je retrouverai cette étrange créature dans le journal de mon bien-aimé Yann Barthès et je comprendrais enfin que la demoiselle ne porte pas des tenues extravagantes uniquement dans ses clips. Puis des mois plus tard, dans la chaine-hifi d'une copine, je croiserai le chemin d'un album à la pochette assez flippante : « The Fame Monster ». « Mais c'est...?! Non, c'est pas vrai! Ne me dis pas que tu as pas investi dans l'album de cette folle?! ». Et si la folle c'était moi, finalement?


Lady Gaga

 

Oui, la folle c'est bien moi. Dire à tout va que je n'aime pas, alors que mon auto-radio adore faire cracher sa voix (volume 30) à 100 km/h, quelle hypocrisie! Pour me rattraper, j'ai décidé de faire un effort considérable : mettre la chanson française qui hante mon Ipod sur « Pause » et faire l'éloge de la pop star de 2009. (Applaudissements). Oui, depuis quelques heures maintenant, Lady Gaga tourne en boucle (et je vous jure que je ne suis pas en boîte et que je n'ai pas de l'alcool dans le sang). Elle s'écoute aussi comme ça, en pleine après-midi, seule sous la grisaille. Elle s'écoute avec attention pour enfin bien saisir qu'elle est la découverte pop de 2009. J'arrête de mépriser la pauvre jeune fille, de seulement 1 an ma cadette, et je m'incline devant le talent d'une nana dont le seul défaut est d'avoir eu pour rêve de devenir célèbre. Parce qu'à la différence des Brit-Brit, Christina Aguilera, et autres gamines pseudo-vierges et soi-disant clean de la tête au pied sorties tout droit d'un conte de Walt Disney, rien n'était gagné pour la petite Stefani Joanne Angelina Germanotta. Contrairement à ses copines futiles de chez Mickey, Lady Gaga n'avait papa et maman à disposition pour gérer une carrière. À Big Apple, la gamine qui ne pensait qu'à la musique depuis le plus jeune âge, prend sa vie et sa carrière en main. Multipliant les apparitions dans des clubs underground de New York, travaillant comme serveuse (et parait-il comme gogo danseuse) pour joindre les deux bouts, Lady Gaga se construit peu à peu un univers artistique et un personnage qui va d'emblée avec. À force d'écumer le milieu de la musique avec une volonté démesurée, à la hauteur de son personnage, Lady Gaga est devenue, en l'espace d'un an, un véritable phénomène de la musique pop.


Cette admiratrice de Bowie, Madonna et Queen (elle a piqué son nom au titre « Radio Gaga ») s'est construite sur un schéma identique à ses idoles. Surpassant parfaitement le simple statut de chanteur, Lady Gaga réanime la pop avec une originalité étonnante et un show permanent. Contrairement, à ses comparses de la pop américaine, elle ne s'est (pas encore) perdue dans les méandres de la presse à scandale puisque son art est un scandale sans interruption. Lady Gaga s'installe « over the pop ». Au delà des clones de Britney Spears sans envergure, elle réveille une musique pop endormie depuis des lustres. Avec des tubes d'une efficacité étonnante, elle enflamme les dancefloors et en profite pour fustiger les clips classiques au passage. Dans « Bad Romance », son dernier clip, la star s'avère encore plus dingue que sa consœur Gwen Stephany, plus tourmentée que Rihanna et sa désespérante "Russian Roulette" et termine sa scénette avec un air diabolique et rock&roll à la Amy Whinehouse. Loin des bimbos actuelles que les labels aiment tant à produire et à fabriquer sur mesure pour le marché du disque, Miss Gaga s'est fabriquée elle-même, du look au texte en passant par la musique. Le résultat est un brin étrange, je vous l'accorde, mais il est loin de la médiocrité qu'on tente à tout prix de nous mettre de force dans les oreilles.


 

LadyGaGa2


Certes, Lady Gaga se pose comme un pur produit américain. Partie de rien, elle est arrivée au sommet du star-système. À la base de son projet, un mercantilisme et une provoc' assurée peuvent venir vous faire douter de son véritable talent. Mais la jeune femme assume tout de A à Z. Oui, ses textes sont d'une superficialité affligeante. Au hasard de ses titres, on tombe sur des mots dignes de sens comme boy, money, beautiful, dirty ou rich. On fera donc l'impasse sur la profondeur des textes et on lui pardonnera sa légèreté. Lady Gaga n'est qu'une fille de son temps, une fille de l'Amérique rêvant de ce qui fait tourner l'Amérique : l'amour, la gloire, la beauté et le sexe, rien que ça! Une fille, tout de même capable de faire danser aux quatre coins du monde : gay ou hétéro, fille ou garçon, de 7 à 77 ans tel un jeu à l'efficacité folle. Une star de la pop à durée indéterminée capable d'avoir été façonnée par ses propres mains. Et si vous avez encore des doutes, après l'effort colossal que vient d'élaborer ma plume pour faire l'éloge de Lady Gaga, regardez donc ce qui suit :


 




Tag(s) : #Musique
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