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« I said I know it's only rock 'n roll but I like it » chantait Mick accompagné des siens au bon vieux temps du rock'n'roll. Ce temps révolu, nos âmes dépravées cherchent à tout prix à le reconquérir. Alors quand elles ne versent pas larmes éperdues sur des vinyls aux charmes surannés, elles guettent méticuleusement, scrutent les bacs à l'affût du moindre riff obsédant susceptible de faire renaître ce rock'n'roll démoniaque. Nos âmes, affreusement en manque, pensent naïvement que les descendants légitimes du rock ont élu domicile sur la terre des dieux de jadis. Alors elles n'ont d'yeux que pour le Royaume de Sa Majesté et son vague cousin, l'Amérique terre du blues. Taquin et un brin mal élevé, le rock'n'roll a décidé de jouer un sale tour à ses admirateurs en se pointant à l'improviste au pays de la frite et de l'humour. La Belgique, cette veinarde, assiste depuis peu au sacre de deux de ses gamins. « 2 young boys » prénommés Jan Paternoster et Dries Van Dijk. Un grand brun guitariste et chanteur en osmose avec un petit blond batteur. Ensemble ils forment les Black Box Revelation. Une putain de révélation musicale et orgasmique sur laquelle les comparaisons pleuvent : les prestations d'Iggy, la voix de Mick et la puissance sauvageonne des White Stripes. Rien que ça. Naturellement, les âmes bienveillantes du rock pourraient crier au scandale, hurler un (parfois) très nécessaire « les comparaisons ne sont que des foutaises ! » Et pourtant, pourtant, on n'aime que ça. Les comparaisons ne sont que des réminiscences jouissives de ce que la musique a fait de mieux au monde, elles nous guident dans un dédale de sons étourdissants. Et on se laisse étourdir comme au bon vieux temps des Stones.

 

BlackBoxRevelationDes guitares divinement crasseuses, une alliance subtile de batterie-guitare battant un rythme lancinant poursuivant une voix échappée des cieux du rock'n'roll, Black Box Revelation provoque le choc intesidéral. Bordel en quelle année sommes-nous ? Qui ose gratter sa guitare de manière si sauvage et indécente ? Et qui est ce type derrière le micro qui semble s'envoyer en l'air à chaque mot ? Mon dieu sommes-nous soudainement revenus à l'époque bénie des dieux ? Une vérification s'impose et voilà comment le calendrier brise le rêve et vous ramène illico presto à la réalité : octobre 2011. Désolée poupée, actuellement Mick Jagger ne chante pas avec les Stones mais avec une bouillie musicale merdique et vu la tronche des charts outre-Atlantique, il semblerait que ces chers ricains aient subi un léger lavage de cerveau causant l'oubli impardonnable de ce qui hier les faisait vibrer et tous casser. Les paroles de Keith dans Life me reviennent soudainement en mémoire, il disait un truc du style : « Baby, l'important ce n'est pas la conformité aux règles, mais ce qui atteint l'oreille ». Alors deux gamins de 20 et 22 ans pulvérisent les tympans de tous les grands sensibles à l'art du rock'n'roll. Black Box Revelation conquièrent cette terre sainte, sacrifiée à maintes reprises : l'oreille. Saturée et assiégée, elle laisse le reste du corps venir à sa rescousse. Musique physique et immorale, le rock du duo belge recherche la pureté de jadis. Et cette intention honorable les rend infiniment sympathique. Rappelez-vous, cette pureté originelle si précieuse, elle ne cherchait aucunement le négligé-chic hype et encore moins Le tube. Elle était composée jusqu'à la moelle de guitares sales et rugissantes, de « hey girls » follement érotiques dans la bouche d'un chanteur-leader. La pureté de cette musique ne pouvait se concevoir sans un maximum de sueur, de clopes fumées à la va vite entre deux titres et de quelques gorgées de Jack Daniel's. Le rock rugueux gorgé de blues, marque fabrique des Stones.

 

La marque de fabrique en question est toujours d'actualité. My Perception- troisième album en seulement trois ans – des Black Box Revelation poursuit la quête, la mission absolue du rock : délivrer une musique brute avec une pêche incroyable. Les petits gars de Flandre, Jan Paternoster et Dries Van Dijk, n'ont peut-être pas traîné leur bottes de rockers du côté du Swinging London, mais ils ont parfaitement enregistré les leçons du rock old school des grands. « Nous voulons garder ce rock pur. Cela n'a pas d'importance si nous faisons quelques erreurs tant que l'atmosphère reste, tant qu'elle demeure grande » explique Jan. L'atmosphère d'entrée de jeu elle se fixe par des riffs de guitares aux accents délicieusement stoniens avec l'excellent « Madhouse ». Premier titre de ce troisième opus, il jette astucieusement le trouble  : cette voix brute, traînante et entraînante, cette voix vous propulse directement dans l'atmosphère des Black Box Revelation. Une atmosphère résistant à toute forme de médiocrité ambiante, ne cédant ni au recours de l'électronique ni à la ultra-trendy prétention des rockeurs. Le son des Black Box Revelation crache une sincérité impressionnante à chaque nouveau morceau, une sincérité foudroyante et attendrissante. Le jeune âge des « 2 young boys » y est certainement pour quelque chose. Une jeunesse infiniment raisonnable dans son désir de n'en faire qu'à sa tête, de fonctionner comme elle l'entend : à l'envie désintéressée du succès, au désir d'un son primitif et impétueux.

 

Duo pur sang rock'n'roll, les Black Box Revelation braillent une musique efficace et entêtante influençant nul doute un désir soudain d'encanaillement espiègle et cynique. Si leur premier album Set Your Head on Fire (2009) se voulait rageur, le troisième My Perception joue dans la cour exquise de l'insolence. C'est avec un plaisir non dissimulé qu'on entre dans cette « maison de fous » tenue d'une main de maître par deux jeunots survoltés. On s'y aventure avec excitation comme on s'avancerait dans une maison hantée. Chaque première note semble être la réminiscence d'un temps perdu aux accents stoniens, et pourtant l'atmosphère du lieu dégage un sentiment exaltant d'inconnu. Chaque titre est une pièce nouvelle à découvrir. Sur le pas de porte de chacune, la crainte se fait sentir : à un moment ou un autre l'une d'entre elles va forcément décevoir, non ? « Madhouse » est un appel amoureux fait aux classiques classieux du rock, la rencontre surréaliste entre Iggy et Mick au chant. Sans hésiter, le titre idéal pour être celui qu'on qualifie de « préféré ». Oui mais voilà, c'était sans compter sur la seconde performance vocale et rythmique « My Perception » qui, avec ses batteries et tambourins, augmente volume et désir. Et voilà l'instant suivant Jan Paternoster criaillant des irrésistibles « Rattle My Heart » et les cœurs déconcertés ne savent plus à quel titre se vouer. Pour ne rien améliorer à la situation, le duo prouve qu'il sait jouer dans la cour éclectique des grands en s'offrant un air psychédélique de 7 minutes avec « Sealed With Torns ». Puis les guitares salaces et rugissantes de « Bitter » et « Skin » n'arrangent en rien à la frénésie enveloppante du son made in Belgium. My Perception ne flanche jamais, il tientla cadence infernale d'un son énergique jamais défaillant, une montée d'adrénaline qui ne connaît que l'extase comme finitude absolue. Une aventure frénétique sans faux pas.

 

Qu'ils sont rares ces disques dépourvus d'ennui, d'envie honteuse de zapper tel ou tel titre. Certains penseront que les petits belges des Black Box Revelation n'ont rien inventé, or ils ne prétendent pas le contraire. Comme le précise si bien leur bio : « ce qu'ils font, ils le font bien » et ça fait un bien fou aux âmes en manque de rock'n'roll pur et dur. Leur troisième opus - produit par un ancien de Queen of the Stone Age (Alain Johannes) et bientôt jouer en première partie des Beady Eye (nouveau groupe de Liam Gallagher) - s'écoute en boucle... Et peu importe les raisons de cet amour éperdu pour ce rock percutant. Non, ce n'est pas pour ces inévitables et foutaises de comparaisons que l'on craque instantanément pour les Black Box Revelation. On craque car à leur écoute quelque chose au fin fond de notre amour pour le rock se métamorphose : my perception. Il n'est pas mort, le spécimen rare, il est encore bien vivant, et non pas sur un vieux vinyl au charme suranné. Chargé d'énergie, il bat à la chamade, tambourine à tout va aux oreilles pendant 46 minutes et fait décoller les corps jusqu'au septième ciel... du rock ! Comme jadis, on a beau savoir que ce n'est seulement que du rock'n'roll, on ne peut pas lutter, we like it définitivement. Passionnément

 

MySpace des Black Box Revelation

 


Black Box Revelation « My Perception »

 

Tag(s) : #Musique
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