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Elle n'avait que ce mot-là à la bouche. Elle ne jurait que par lui. Sérieux, Trintignant ? Le discret, le calme plat, le mystère, l'incarnation de la réserve, le salopard dans Z et l'homme qui se fait avoir par Bardot dans Et Dieu créa la femme, non je ne pouvais pas te laisser le préférer aux autres. Terroriste du bon goût que je suis, je ne pouvais pas. Mais tu faisais quoi à trente ans à part des enfants, tu allais t'aventurer dans une salle obscure quand tu étais jeune ? Tu avais l'embarras du choix, toi, pas des pâles copies de pâles copies comme moi aujourd'hui. Tu avais des types qui allaient durer, sacrément mal vieillir, ok admettons mais ça c'est le lot de chacun, mais putain ces types, ils allaient durer quand même, être projeter éternellement dans les cinés du quartier latin, le genre de truc auquel moi je n'aurai pas droit avec mes acteurs éphémères. Bordel, les années 60-70, les machines à produire le charme ténébreux de Delon, la présence inoubliable de Montand, la folie de Belmondo, et bien non toi, tu as choisi Trintignant. Delon était trop arrogant pour toi, Belmondo n'était pas à ton goût et Montand pas assez communiste comme on te l'avait enseigné, je sais tout ça. Arguments faiblards, pensais-je naïvement. Pensées que je regretterais un jour. Je ne sais plus quand c'était exactement ce jour de regret éternel. Quand le premier album de Vincent Delerm parlait de cette possibilité d'un Deauville sans Trintignant ? Ou quand Trintignant posait sa voix emplie de mystère sur la dernière piste du troisième album de Delerm ? Ou peut-être était-ce quand Fanny Ardant s'est épris de lui dans un film en noir et blanc signé Truffaut ? Ou quand dans Un Train slalomant entre les bombes dans une France ayant un faible pour la collaboration, Trintignant s’éprenait en silence de Romy Schneider ? Décidément, les adultes ont toujours raison. On le comprend une fois adulte. Mère-grand avait raison de préférer Trintignant, c'est en regardant aujourd'hui sa filmographie que la grande imbécile que je suis l'a enfin admis. Il n'était pas mort trop tôt comme Montand, était encore capable de grande chose contrairement à Bebel et n'était pas devenu un vieux con comme Delon. Il était encore bien là, plus amoureux d'Anouk Aimée mais d'Emmanuelle Riva, et il décida de tirer sa révérence du grand écran et des planches. Parce que comme dirait mère-grand « c'est pas beau de vieillir ».

Un Homme et Une Femme

Le Train

Z

Vivement Dimanche

Tag(s) : #Cinéma, #Jean-Louis Trintignant, #Alain Delon, #Jean Paul Belmondo, #Yves Montand, #Lelouch, #Truffaut
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