Elle est belle et distinguée. Beauté froide et bourgeoise qui a beaucoup aimé chez Truffaut. Il est un peu fou et beau – putain, ouais on n'avait jamais réalisé à quel point il avait une gueule à en tomber amoureuse. Beau donc et écorché vif qui a beaucoup bourlingué chez Blier. Je ne sais pas pourquoi dans toutes mes combinaisons mentales de cinéma, le potentiel de ces deux-là m'avaient totalement échappé. Sans doute, une impossibilité clairement absurde et inconsciente de voir les classes incarnées se mélanger et s'éprendre. Deneuve trop bourgeoise et Dewaere trop proche du peuple, ma caméra inconsciente n'avait jamais envisagé ce casting de rêve soupçonnant que ça ne pouvait fonctionner à l'écran. Mais soudain, une Catherine fantomatique rentre dans un Dewaere complètement paumé et la magie du cinéma opère. Tu listes Dewaere dans la longue liste d'amants de cinéma de Catherine et tu le classes pas loin de Gérard. Le choc se passe devant la caméra de Téchiné. Putain de caméra qui sort Deneuve de son confort bourgeois des années 70, petite princesse menant souvent la vie de château sur la pellicule, et inculque la sensibilité exacerbée à ce chien fou et magnétique de Dewaere. Nous sommes en 81, sur la côte Basque, sur la mer agitée et les rues désertées de Biarritz. Elle est belle et lui écorché vif, mais ça on l'a déjà dit. Mais il faut le redire. Un choc en voiture, un constat et le charme du séducteur qui ose « il y avait 6 femmes très belles dans la ville et là je rencontre la 7 ème ». La 7 ème est d'une beauté renversante, oui et il va forcément l'aimer, mal. Ça commence souvent comme ça, c'est vrai, un garçon, une fille, le coup de foudre et les ennuis qui suivent. Schéma basique. Sauf que nous sommes chez Téchiné, les ennuis sont pudiques, pas minaudés non mais mélancoliques, comme peints avec la grâce d'un impressionniste naturaliste. Sentiment renforcé par la présence de Bruno Nuyttens à la photograhie et Alain Sarde au piano.