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Tu te rappelles Fauve est le texte qui te perfore de part en part. Le genre de groupe sortie de nulle part début 2013 - Fin 2012 pour les meilleurs d'entre nous. La bande son qui t'éclate la tête, les pensées et le corps. Cinq mecs inconnus que tu aurais pu follement aimer jute pour leur nom. Car les aimer c'était continuer à aimer Cyril Collard et son film claque. Des textes brûlants où sexe, amour et folie forment un cocktail détonnant, et surtout évoquent le mal d'une génération prise et éprise d'un blizzard féroce en tête. Fauve a derrière eux une flopée d'initiés totalement addict, des 20-35 ans loosers aux grands cœurs et de quelques âmes sensibles à ce qui est hype. Fauve n'est pas hype. Fauve est une réponse urgente à l'époque. Fauve n'a pas derrière eux de maison de disques. Juste un simple EP, des textes de timbrés et un mystère scrupuleusement entretenu. Pour certains, Fauve sent l'arnaque à plein nez, un délire d'initiés branchouilles qui finira mangé tout cru par le mal du siècle : l'éphémère. Pour d'autres, Fauve est magnifique. Et ce, depuis la première fois qu'ils ont été entendus. Un son fiévreux dont on ne sort pas indemne. Je ne suis pas sortie indemne du Bataclan vendredi soir. Encore plus bancale dans ma tête. Encore plus chargée d'espoir. Car Fauve c'est cette alchimie parfaite entre le noirceur et l'espoir. Ensemble, ils dansent langoureusement sur un tempo qui varie entre élans et torpeur et une énergie positive s'échappe de cette union indécente, elle s'empare alors d'une salle pleine à craquer.

 

Plein à craquer, le Bataclan attendait ses nouveaux héros d'une chanson française en mal de textes. Chaleur terrible dans l'arène où au premier rang la moyenne d'âge avoisinait les 20 ans. Détail crucial pour une vieille de 26 ans dont la tête explose sous les poids des a priori. Comment le mysticisme d'un tel groupe peut toucher ces minettes belles comme le jour qui n'ont certainement rien vécu ? Faut-il avoir vécu pour s'émouvoir ? Trêve de questions, un concert n'est pas une dissertation de philosophie. Direction Saint-Anne. Parfait pour un premier rendez-vous. Un garçon brun, micro en main, nous explique qu'il ne sait pas par où commencer. C'est la première fois qu'il fait ça. Ça va partir dans tous les sens, être confus mais pas tellement car il y a tellement de garçons et de filles qui pourraient être le héros de cette chanson : Saint-Anne. Chanson cafardeuse, un brin haineuse, terriblement réaliste où il est question de ras-le-bol, mensonges, baises et cœurs qui saignent. Le garçon qui chante est terriblement touchant dans sa maladresse, agréable au regard, le genre de type qu'on prendrait bien dans ses bras pour le consoler de l'époque et de son cœur de looser. Pendant 1h15, on n'aura d'yeux que pour lui. Véritable lion en cage qui bouge d'un bord à l'autre de la scène, jouant aussi bien les rappeurs, slameurs que chanteur de chanson française. Pendant 1H15, c'est les montagnes russes dans notre tête, le grand frisson dans notre corps alors que la capitale croule sous les 30°. Pendant 1H15, ce gamin parle, parle, parle pour affronter la nuit, l'ennui, la mort. Pendant 1H15, il parle, crie, scande l'urgence de la vie. Ce casse du siècle. Ce putain de piment rouge. On est suspendu à ses lèvres, attrape les syllabes de ses textes à la volée, se demande comment est-il possible de traduire aussi bien cette sensation de blizzard dans nos têtes. Surprise la connasse qui attendait tant ses « Nuits Fauves » et ses sensuels « bonsoir, bonsoir » sera charmée non pas par son tube préféré mais par « Blizzard ». Second tour de force de l'EP. Quand le chanteur l'entame sur scène, la salle entière est sa complice, sa bien-aimée d'un soir avec laquelle il va déverser sa haine contre cet ennemi invisible. Chaque âme hurle des puissants « va te faire enculer » ou « surprise connard » à des invisibles bien ciblés. La rage est là. L'urgence aussi. Fauve enchaîne les titres, les tubes, les bombes textuels, les remparts contre la médiocrité de l'époque et ne laisse personne sur le côté. La communion entre artistes et public était à l'ordre du jour. Les merci sincères et permanents du chanteur n'ont cessé de réchauffer les cœurs fiévreux d'un public, qui s'est plu à jouer les chœurs. Fauve emmène son public loin du blizzard, refusant de s'y conformer contrairement à l'immense majorité, acceptant lui les âmes bancales, leurs bassesses et leurs grandes envolées lyriques. Le public lui rend plutôt bien cette bienveillance en remplissant le Bataclan depuis des mois, en connaissant par cœur leurs textes, en sortant les briquets sur « Rub ad Dub ».

 

Morceaux teigneux ou chansons pour amoureux, Fauve excelle sur platine comme sur scène faisant de la sincérité sa première arme. On n'évitera de tirer des plans sur la commette avec eux. De céder un peu plus à l'ère dangereuse du buzz, au sacrement éphémère des artistes. On osera juste espérer que Fauve nous poursuivra longtemps. Sera toujours là pour nous serrer fort les cœurs et les corps, nous extirper de nos doutes et nous embellir l'existence. Qu'il y aura encore plein de nouvelles noyades dans les nuits fauves et les grands soirs, comme cette soirée au Bataclan.

Fauve au Bataclan : grand soir & nuit fauve
Tag(s) : #Bataclan, #concert, #Musique, #Fauve, #Nuits Fauves
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