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Il est 15H30. Il me reste une demi heure avant que ça ferme. Vite. Quittée le jogging, mettre un coup de fond de teint de khôl, prendre les clés de la voiture... Et ne pas oublier la lettre! Voilà. Arrivée devant le bureau de poste, je colle mon visage à la vitre de la porte d'entrée : « Etrange, pas de file d'attente! ». J'entre toute contente de me débarrasser de ce courrier et personne ne m'attend derrière le guichet. Où sont donc t-ils tous passés? Un homme m'accueille et me dirige vers cette saleté de machine qui n'a pas l'air très souriante. J'esquisse alors quelques mots maladroits, pour changer : « Il n'y a personne? ». D'un air désolé, le pauvre type me répond : « Non, je suis désolé. Si vous désirez plus qu'affranchir votre courrier, il faudra revenir demain ». Rouge, toute rouge, je devais être, à cet instant où j'ai réalisé que mon médiocre courrier pouvait bien attendre le lendemain. Bien attendre une grève ou une révolution, peu importe. Consternée par mon attitude de petite capricieuse voulant poster son courrier, je tente un « Non, mais il n'y a aucun soucis. Ils sont en grève, c'est ça?! Non, mais il y a aucun mal, c'est tout à fait normal... ». Puis dans mon fort intérieur quelqu'un s'est élevé (heureusement) et m'a murmuré « Tais-toi! ». Oui, il était temps que je me taise mais j'avais cette envie de dire à cette homme que je me ralliais à leur cause, qu'il n'y avait aucun mal à faire grève. Juste dire ça.

 



Chez moi, on est pas trop pour la privatisation. Je sais, le gouvernement le martèle, le changement de statut n'a pas pour objectif de « privatiser » La Poste. Non, bien évidemment. Le but ultime de tout ce chamboulement n'est autre la politique de rendement. La même qui sévit dans l'hôpital public ou au Pôle Emploi. La crise actuelle, la concurrence d'Internet ont égratigné notre bonne vieille Poste. Les chiffres sont mauvais et dans une société où la faiblesse est inadmissible, il faut une solution. Le terme « privatiser » étant un gros mot aux yeux de la majorité des citoyens, le gouvernement Sarkozy préfèrera donc parler de « changement de statut ». Il faut admettre que « changement de statut » sonne beaucoup mieux que le terme sec précipité et sans appel de « privatisation ». L'Etat veut augmenter le capital de la société pour la rendre compétitive face à la libéralisation du marché de 2011. L'opérateur aurait soi-disant besoin de 2,7 milliards d'euros pour moderniser ses diverses activités.


Du côté des salariés, personne ne semble dupe d'une telle supercherie. Certainement, ont ils tous en tête le sort de leurs comparses de France Télécom, en ce moment même à la une de toute la presse, d'une bien triste façon. Nous étions alors en 1997. Est-ce que la crise et Internet existaient à cette époque? Je ne me souviens pas, peu importe. Je sais juste que cette année là, France Télécom fut privatiser. Une privatisation survenu un an après l'ouverture de son capital. Les syndicats sont sceptiques, craintif que l'histoire se rejoue avec eux. Le temps presse, une fois que le débat sur le statut de leur entreprise sera tranché, il ne sera plus question de revenir en arrière. Juridiquement ou politiquement, les dés seront jetés.


En ce 22 septembre, les dés ne sont pas encore jetés. Il existe encore un moyen de les garder en main. Une grève tout d'abord puis, dans quelques jours, un référendum auprès de la population française. La Poste, ce service public, n'est-elle pas la propriété de tous les citoyens français? Ne devraient-ils pas, par conséquent, être tous consulter sur ce changement de statut? Car quoi que disent les snippers du gouvernement Sarkozy, la suite est écrite depuis longtemps. Le changement de statut entraînera forcément la suppression de bureaux de poste et une menace des emplois. Bien évidemment, tout se fera en douceur et dans l'ombre... Des départs en retraites ne seront certainement pas remplacés et des bureaux de poste se transformeront en relais poste gérés par des commerçants. Politique de rendement oblige le processus de privatisation est lancé. Bientôt, il n'y aura plus marqué La Poste...

 

Tag(s) : #Actualités
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