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Je suis DVDévore. Une DVDévore en quête constante d'occasion du siècle en matière de DVD. Ma dernière acquisition : Nos Plus belles années de Sydney Pollack. Oui, je sais dit ainsi c'est très angoissant. La jaquette du DVD l'est doublement plus. Imaginez les yeux revolver de ce cher Robert Redford et le sourire mielleux de Barbara Streisand sur un fond beige affreux, j'avoue que ça ne pousse pas vraiment à la consommation. Mais comme je suis une fille curieuse, je me suis abstenue de m'arrêter à cette première vision d'une romance à l'eau de rose. Et je suis passée à la caisse, toute fière de mon achat, que je considérais comme un grande victoire...


n29851536161 864651 3728« The End » s'affichait fièrement à l'écran. Moi honteusement, je dissimulais mes larmes et allait chanter niaisement à tout le monde pendant quelques jours un très mauvais : « The Way we wereeeeeee »! Impossible pour moi de résister à ce film réalisé dans la plus pure tradition du cinéma hollywoodien (avec ces défauts et qualités). Impossible de ne pas baver devant la beauté rayonnante et ravageuse de Robert Redford, sosie époustouflant de notre blondinet des années 2000, Brad Pitt. Impossible de ne pas s'éprendre d'amitié pour Barbara Streisand et son noble engagement. Impossible de rester impassible devant cette petite histoire d'amour prisonnière de la grande histoire. Vous l'aurez donc compris Nos Plus belles années m'a profondément chamboulée. Je vous concède que le film a légèrement pris la poussière, que certains passages flirtent avec le « roman à l'eau de rose ». Hélas, je pardonne tout à Sydney Pollack, formidable réalisateur américain, disparu il y a maintenant 2 ans, qui s'est toujours efforcé d'inscrire la grande histoire dans ses films, en l'interrogeant avec brio sur ses aléas et ses erreurs.


Ces plus belles années s'écoulent aux États-Unis entre 1937 et 1950, période importante pour les USA comme pour le monde entier. C'est à l'université que notre couple mythique se rencontre. Lui, étudiant play-boy, riche et désinvolte. Elle, étudiante engagée, fille d’émigrés juifs, fervente militante communiste. Vous l'aurez compris, tout les oppose et pourtant ce couple improbable va s'aimer passionnément, mais attention pas dans l'immédiat. Taraudez par l'éternel « Putain, c'est quand qu'il l'embrasse ce petit con!? », j'étais à bout de nerfs à la 46ème minute quand Hubbell (Robert Redford) pose enfin ses lèvres sur celle de Kattie (Barbara Streisand). Malin, le réalisateur a parfaitement su capter cette montée d'adrénaline avec ses diverses étapes. Après des prises de becs convaincantes à l'université où les regards de Kattie trahissaient les élans de son cœur, ces deux-là vont enfin se retrouver à Manhattan quelques années plus tard. Alors que Roosevelt et les siens délivrent l'Europe, Kattie et Hubbell peuvent enfin s'aimer. Dans l'appartement de Kattie, plein à craquer de bouquins et de photos de Lénine, Sydney Pollack saisit la naissance d'un charmant amour entre ces deux caractères opposés. Un amour éphémère soumis aux manigances de la grande histoire. Kattie s'emporte et laisse filer son grand amour qui, lui, ne supporte plus l'agressivité constante de la jeune femme. « Tout ce qui arrive dans ce monde ne t'es pas personnel » lâche Hubbell avec médiocrité. L'histoire est bâclée, terminée. Hubbel préfère son petit microcosme de l'Upper East Side à sa passionaria d'extrême gauche. « Il était à l'image du pays où il vivait : il obtenait tout facilement » ne cesse de se répéter Kattie, phrase inoubliable d'une nouvelle écrite par Hubbel au temps de l'université. Grâce à cette petite sentence, Kattie est la seule a avoir compris la complexité de l'homme qu'elle aime. Dans un scène à la tension extrême, elle récupérera son amant avec un discours d'une émotion rare. Femme séduisante mais pas pas attirante dans le genre habituel, elle concèdera à Hubbel qu'elle n'est aucunement son style de femme, mais pourtant derrière cette petite femme qui pousse tout à l'excès, elle se trouve être celle dont il aura à jamais besoin.


Les convictions du cœur prennent le dessus sur les certitudes de la raison et les amoureux quittent New York pour Hollywood où Hubbel devient un brillant écrivain sous la présence salutaire de Kattie. Le couple vit alors ses plus belles années dans un Amérique en pleine éclosion. Alors qu'il prépare un scénario, la chasse aux sorcières commence et la sombre période du maccarthysme arrive avec elle... Le couple improbable sombrera avec cette Amérique. Kattie révoltée par la violence des hommes et des femmes face à l'idéologie communiste, se révoltera aussi contre l'envol de son mari vers l'idéologie hollywoodienne, un monde sans caractère et qui ne pense qu'à se remplir les poches d'argent. Pollack filme l'impossibilité d'un couple à surmonter ses difficultés, les nostalgies d'un amour passé, ses heures de bonheur éphémères et ses ruptures interminables. L'escale à Hollywood sera fatale et entrainera l'avènement d'une rupture inévitable. Kattie préférera la lutte pour ses idéaux. Hubbel, lui, choisira une vie conduite avec réserve. Pollack les fera se rencontrer une ultime fois dans le tumulte new-yorkais des années 60. Hubbel en couple et Kattie militant contre la Bombe A. Une dernière fois qui témoigne de l'amour réciproque de deux ces êtres bêtement différents, pris dans la tourmente de l'Histoire. Le regard bienveillant Hubbel constatera l'incessante implication de Kattie dans la politique du pays, il ironisera : « Tu ne jettes jamais l'éponge? ». Elle répliquera le sourire aux lèvres : « Seulement quand j'y suis forcé. Mais je perds avec le sourire ». L'histoire se boucle ainsi. Sans larmes ni adieux. Elle se termine comme rarement au cinéma. Et rien que pour cela elle est merveilleuse.


 

 




Tag(s) : #Cinéma
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