Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Françoise Sagan méritait-elle un tel traitement ? En s’attaquant au « charmant petit monstre » de la littérature, Diane Kurys (La Baule-les-Pins) s’attaquait à une vie et une oeuvre « agréables et bâclées ». Cette merveilleuse petite citation, de Sagan elle-même, convient parfaitement pour illustrer Sagan. Le film paraît bâclé dans sa manière de retracer les frasques et l’œuvre littéraire de cette jeune bourgeoise qui remporta le Prix de la critique a seulement 18 ans avec son premier roman Bonjour Tristesse. Une femme libre et anticonformiste comme Françoise Sagan aurait mérité une réalisation à la hauteur de son personnage. On aurait tant aimé voir ce mythe et l’imagerie qui l’accompagne transposés à l’écran de manière intelligente. L’ivresse de vivre et de se détruire est présente, certes, mais Kurys fait trop vite l’impasse sur cette fuite éperdue vers la déchéance, la vitesse, le jeu, l’alcool, les soirées. L’existence insouciante de Sagan est au rendez vous par la présence interrompue de sa bande d’amis (avec un Pierre Palmade délicieusement cynique), la bouteille de Jack’s Daniel toujours à portée de main, la cocaïne… Le charme Sagan opère grâce à l’incroyable mimétisme de Sylvie Testud qui a su parfaitement s’emparer de cette moue unique, une intelligence et un humour étonnant, un subtile mélange de désinvolture et de timidité. Il y avait bien deux Sagan, la Sagan canaille qui se détruisait comme elle le souhaitait et la Sagan mélancolique en proie à une angoisse permanente, celle de la solitude. Pour elle, « la vie n’était qu’une affaire de solitude ». Cette Sagan là est subtilement présente avec la voix off contant ses écrits autobiographiques. Une voix irritante par sa capacité à mener le spectateur vers l’émotion, et en même temps qui nous rappelle le talent immense de cette écrivaine à la philosophie de la vie unique.

Tag(s) : #Cinéma
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :