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L'été c'est sacré! Tout y généralement parfait : de la plage au bronzage, en passant par les sorties aux lectures. Une seule chose cloche dans ces étés à la parfaite plénitude : la salle obscure. Alors que je passe mon hiver cloisonnée dans mon cinéma, l'été j'ai tendance à le fuir, préférant l'immensité des nuits et de la mer. L'été, la salle obscure s'avère rarement mon refuge, peut-être parce qu'elle a tendance à me servir de la bouillie pour cervelles de vacanciers. En été c'est bien connu : on se fait entuber par les lois qui passent à l'Assemblée tout comme par les blockbusters qui squattent l'écran. Entre gros succès pour gamins amoureux de la 3D et gros succès pour midinettes amoureuses d'Edward Cullen (bon j'avoue celle qui ne l'est pas est une extraterrestre!) trouver un excellent film s'expérimente comme la mission impossible (à moins de piocher dans la partie DVD de la bibliothèque bien entendu).

 

Inception1

Alors forcément ce n'est pas sans un plaisir particulier que je vous annonce que ma théorie (pour cette été en tous cas!) est complètement faussée! Ma claque cinématographique de l'été ne m'a pas été mise par un gros ogre vert, ni par un vampire à la dentition parfaite. C'est une claque puissante, à la rotation parfaite, réglée comme du papier musique, une claque inoubliable qui a eu la vertu de me scotcher sur place pendant 2h28 et où j'aurai tendance à dire « Chapeau l'artiste! ». L'artiste en question se prénomme Chritopher Nolan, et le petit n'en est pas à son premier coup d'éclat. Réalisateur du très noir The Dark Knight (2008), dernier volet en date des aventures de notre « super » Batman, Christopher Nolan plonge à nouveau (son fidèle) spectateur dans un univers extrêmement bien ficelé, un univers tantôt réel, tantôt fictionnel. Une explication s'impose. Dans cette nouvelle merveille signée Nolan et baptisée Inception, le héros s'appelle Dom Cobb (Léonardo DiCaprio). C'est un super héros à sa manière : il est voleur expérimenté. Ce n'est pas un Arsène Lupin, non, il ne dérobe aucunement bijoux et autres biens, il vole au contraire ce qu'il y a de plus précieux au monde : le rêve. Meilleur qui soit dans l'art périlleux de l'extraction, Cobb est devenu un fugitif traqué dans le monde entier et qui a par conséquent perdu tout ce qui lui est cher (le blockbuster de base se doit d'avoir sa petite peine de coeur que voulez-vous!). Une ultime mission pourrait lui permettre de retrouver sa vie d'avant, à condition bien entendu qu'il puisse accomplir l'impossible : l'inception. Au lieu de subtiliser un rêve, Cobb et son équipe doivent commettre l'inverse : implanter une idée dans l'esprit d'un individu.

 

J'espère que vous me suivez tous jusqu'ici parce que moi, en toute franchise, j'ai eu du mal à tout suivre au départ! Inception fascine, vous cloue à votre fauteuil, vous vole en quelques plans votre cerveau (de fin de journée bien épuisé!) pour le confronter à la logique implacable d'un réalisateur de talent. Christopher Nolan, comme à son habitude déjoue les pièges du blockbuster: ses personnages sont les rois de l'histoire, les effets spéciaux ne sont que des seconds rôles. Goût du dédale, amateur des flash-back, expert dans le décalage permanent entre les niveaux de réalités, spécialisé dans le désordre psychologique poussé à l'extrême, la rengaine de Nolan charme car elle va à contre-courant des sérénades de l'été où la pensée est sans cesse reléguée au second plan.

 

Inception2

 

Alors que les personnages sont en état permanent de rêve, le spectateur avance les yeux grands ouverts dans ce labyrinthe d'informations, ne sachant plus parfois dans quel monde il est réellement. Mené tambour battant par un héros tourmenté, Inception est le cousin éloigné de Matrix des frères Andy et Larry Wachowski. Les deux claques cinématographiques témoignent de la même composante de réussite, un mélange des genres improbable et impressionnant : sentiments, science-fiction, anticipation. Dans Inception, le tout donne naissance à un véritable monde de cinéma où l'imaginaire est roi : en apesanteur comme dans 2001 L'Odyssée de l'espace, slalomant dans les neiges comme dans un James Bond ou fou d'amour pour une amante angoissante (ici interprétée par une subjuguante Marion Cotillard) dont chacune des apparitions rappellent celle d'une certaine Madeleine dans un Hitchcock vertigineux. Vous l'aurez compris Inception est un vrai film de cinéma à voir sur grand écran (et avec du pop-corn en plus si vous voulez!).

 

Œuvre pour les subconscients ou pour les yeux, Inception est la bonne surprise estivale à ne manquer sous aucun prétexte! Une surprise de taille imposante par sa durée (2H28!), par ses effets spéciaux (imaginez Paris se pliant sous toutes les coutures!), par le bon goût de son équipe (DiCaprio en tête avec son rôle de voleur-rêveur tourmenté par sa belle) et par son schéma narratif (imaginez une saison de Lost mais sans pause entre les épisodes!). Le film possède une qualité indéniable, celle qui manque tant aux sorties cinéma de l'été : il ne prend aucunement son spectateur pour un abruti! Confortablement assis dans notre fauteuil rouge, comme les protagonistes sont assis pour faire de doux rêves dans un avion pour 10 heures de vol Sidney/Los Angeles, assez d'heures donc pour implanter l'idée dans l'esprit de la victime, nous accompagnons l'équipe de choc de Cobb dans cette mission délicate. Effrayés comme eux par la tournure des événements et par l'incapacité à se resituer dans telle réalité ou tel rêve, tremblant à la simple évocation du risque majeur encouru : rester prisonnier des abymes.

 

Film d'action cérébral, Inception ballade son spectateur d'un rêve à un autre, sans jamais le (et se) perdre dans les abymes du subconscient. À l'heure où certains cinéastes mâchouillent toute la complexité de l'art cinématographique pour mieux le faire gober à leurs spectateurs, Christopher Nolan, lui, percute les siens de plein fouet avec des histoires à dormir debout. Des histoires auxquelles on aime croire jusqu'au bout, sous peine d'avoir un sacré mal de crâne le lendemain matin. Sûr qu'après un spectacle pareil, nos rêves ne seront plus jamais les mêmes!


 

Bande-annonce : Inception de Chritopher Nolan

 

Tag(s) : #Cinéma
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