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god-bless-america.jpg(Ce début de billet est particulièrement agressif et je m'en excuse par avance) Rire de l'horreur ça n'a pas de prix. Ce n'est pas donné tous les jours. Tous ces jours où tu as envie de balancer ta télé par la fenêtre. Buter toutes ces pétasses sacrées reines à durée déterminée pour avoir juste montrer leur cul à la télé. Flinguer ces êtres incivilisés qui parlent et mangent au cinéma. Descendre fachos affirmés et cachés. Tous ceux qui permettent à la médiocrité de s'instaurer dans notre bas-monde. Voilà pourquoi on s'est précipité dans une salle obscure pour voir God Bless America, petit film indé américain, aux moyens low cost et aux acteurs quasi inconnus au bataillon, dont la bande-annonce nous avait autant effrayée qu'excitée.

 

Effrayer parce que on y butait à tout va même dans un cinéma, et de la fiction à la réalité, c'est bien connu, il n'y a qu'un pas. Exciter parce que parfois, l'être humain qui me sert de meilleur ami et moi-même, avons comme des envies de buter la terre entière (faut nous pardonner on habite Paris, on plaide donc la légitime défense dans cet enfer d'incivilités). Bref, ce film allait être notre montée d'adrénaline à nous, notre vie par procuration, notre manière d'accepter notre vie ici-bas dans un monde tenu par la médiocrité.

 

Car oui, ce qui frappe d'emblée dans ce brûlot indé qui ne connaît pas ses limites – ce qui est très courageux dans une époque aseptisée, admettons-le - c'est sa volonté à dénoncer la médiocrité environnante. Des êtres au quotidien, de ce pourquoi ils se passionnent, se chamaillent, se tuent. Dans une ouverture tarantinesque, Franck (génialissime Joel Murray) ne trouve que cette solution pour se soulager de cette civilisation qui a perdu tout son sens : tuer ceux qui ne méritent pas de faire partie de la civilisation. Ces quelques minutes clairement anti-politiquement correcte donne magnifiquement le ton de ce qui va suivre.

 

La nausée nous guette, mais on n'en a que faire quand une noble cause est en jeu. Un peu extrêmes, les moyens pour gagner la noble cause n'en sont pas moins une formidable fenêtre ouverte sur notre monde en proie à un dangereux avilissement. Que va faire du monde une gamine de 8 ans qui engueule sa mère sous prétexte qu'elle a eu un BlackBerry au lieu d'un Iphone ? Que va faire du monde une gamine de 15 ans qui possède sa propre émission de télé-réalité ? Sous-entendu que va devenir notre civilisation avec un ramassis de personnes aussi consternantes uniquement animées par la soif de l'argent, de la célébrité et de l'abaissement permanent d'autrui ?

 

god-bless-america-murray.jpg
Franck, homme au bord de la crise de nerf, part donc s'aventurer sur les routes de cette amérique,  qui compare Obama à Hitler et pose des plaques en souvenir du 11 septembre sur sa bagnole, pour assouvir sa soif de justice. En filigrane de ce road trip sauvage et délicieusement corrosif, s'écrit une question : savoir ce qui est juste ou non. Dans sa fugue vers la reconquête d'une humanité perdue, Franck tue - maladroitement – la pimbêche star de la télé-locale. Lors de l'assassinat, il croise une jeune fille fantasque, Roxy (Tara Lynne Barr une actrice à suivre de près), qui le regarde en héros. Un héros qu'il faut pousser à tuer encore plus, pour se débarrasser encore plus des indésirables. Mais les indésirables sont nombreux. Au fil de leur cavale, ces Bonnie and Clyde au charme fantaisiste, se compose une morale triste mais utile. Impossible d'en finir avec tous ceux qui n'entrent pas dans l'idée qu'on se fait d'une civilisation. Roxy devra se faire à l'idée qu'il est impossible de tuer ce qui n'apprécie guère Alice Cooper.

 

Avec trois fois rien, simplement une jolie lumière, une bande originale excellente et des acteurs convaincus par ce qui leur a été mis en bouche, God Bless America nous venge de l'inacceptable médiocrité. Trash a bien des égards, de cette catharsis filmique réussie on ne retient pourtant que la bonté d'un homme, Franck, animé par une gentillesse intrasèque qui sous son arme chargée planque de vrais principes sur la vie. On partage les mêmes principes que Franck, ce qui aide à nous le rendre infiniment sympathique quand il tue. Ce qui nous aide à nous convaincre qu'il ne suffit pas d'éteindre sa télé pour se débarrasser de la médiocrité. Il faut, chaque jour que dieu défait, se battre pour faire survivre notre civilisation. Car la déchéance américaine que filme à merveille Bob Goldthwait nous guette. Un océan seulement nous sépare d'elle. Et c'est ce à quoi on pense quand nos deux Bonnie and Clyde de l'Amérique post 11 septembre meurent en héros sur la scène de la médiocrité. Une scène qui ne nous est pas tellement inconnue. God Bless America a le mérite précieux d'employer la violence de manière intelligente, de dynamiter un système qui nous pulvérise notre humanité, de nous réveiller tristes vivants que nous sommes.

 

Tag(s) : #Cinéma
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