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Pendant que les médias se bousculent pour nous servir de la grippe porcine à tous les JT et par conséquent à tous les repas, les hôpitaux luttent eux pour ne pas mourir sous les effets, non pas de la nouvelle pandémie à la mode, mais de la Loi Bachelot. La colère provoquée par cette nouvelle loi ne cesse de s'amplifier. Mardi dernier, à Paris, un défilé de blouses blanches a rassemblé du chef de service à l'aide soignant, en passant par l'infirmier et le chirurgien. Tout le corps hospitalier réuni pour dénoncer les dangers d'une loi condamnant à mort la médecine hospitalière au profit d'une médecine mercantile. Autopsie d'une mort annoncée.

La question est sur toutes les lèvres: Madame Bachelot va t-elle devoir revoir sa copie? Partout dans le pays, les esprits s'échauffent contre la loi de la Ministre de la Santé.  1 400 amendements déposés pour cette loi très attendue, des partis de gauche (PC et PS en tête) faisant front pour contrer ce texte qui, selon eux, "consacre l'avènement de l'hôpital en entreprise", des blouses blanches désertant les soins pour manifester leurs mécontentements dans la rue, la Ministre de la Santé peut s'inquiéter de l'avenir de son projet. La discussion au Sénat de cette loi très controversée a été repoussé du 11 au 12 mai, les amendements étant bien trop nombreux pour être discuter et retravailler préalablement par la Commission des Affaires sociales. Celle-ci, qui siégeait aujourd'hui, a proposé quelques compromis sur la question de la gouvernance de l'hôpital, sujet le plus contesté au sein de la communauté médicale.



Les principaux objectifs de la loi Bachelot sont les suivants: renforcement du pourvoir des directeurs, renforcement des liens avec la médecine libérale, incitation au regroupement d'établissements, alignement des tarifs publics sur le privé, ... Dur à comprendre pour le modeste citoyen, cette loi inquiète une majorité du monde hospitalier. La santé n'est plus le maître mot de la sphère hospitalière. Dorénavant, on rentabilise! Le symptôme de la rentabilité ne touche plus seulement les universités françaises, elles aussi toujours mécontentes de leur avenir. L'hôpital est frappé en plein cœur par le syndrome de "l'entreprise" et adopte son modèle, le patient passe au second plan, le plus important étant les caisses de l'hôpital. La France, réfractaire à toutes formes de réformes, est une plate excuse. Le personnel hospitalier tout comme les patients sont parfaitement conscients des problèmes rencontrés dans le domaine des soins. Cette réforme est capitale et indispensable au bon fonctionnement de notre société. Mais sous le prétexte d'une réforme fortement nécessaire doit-on tout accepter?

Les dangers de la loi menée par Roselyne Bachelot se superposent aux dangers de la loi lancée par Valérie Pécresse, Ministre de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche. En ligne de mire des contestations: le cas du directeur de l'hôpital. Celui-ci serait nommé par le Directeur de l'Agence de Régionale de Santé, lui même nommé et révoqué par le Conseil des Ministres. Ce fameux Directeur pourra n'avoir aucun lien avec le domaine de la santé. Il n'aura aucune compétence médicale alors qu'il sera à la base même du projet de santé de l'hôpital en question. Sa prise de pouvoir sera abusive puisqu'il nommera et licenciera les médecins responsables des différents pôles de santé. Si l'homme en question, n'a pour but ultime que le chiffre de son établissement, et bien il fera alors en sorte de remplir les caisses au détriment de la qualité des soins. Outre le cas du directeur omnipotent, il y a  l'incitation grandissante des regroupements d'établissements. Déjà en marche, ce principe majeur de la loi Bachelot risque d'être en inadéquation avec la demande de soins, le danger premier étant encore une fois la toute puissance d'une idéologie de la rentabilité. Vient ensuite l'alignement des tarifications du public sur le privé. Récemment repoussé pour 2018 par la Ministre, ce point était largement discutable du point de vue de l'incontestable différence entre les pathologies et les soins  présents dans ces deux secteurs. A croire les différents points de cette loi destructrice pour le service hospitalier, l'hôpital devrait s'excuser d'avoir soigner pendant des années des maladies "non-rentables". Et le malade dans tout ça?

Le malade, actuellement, n'a plus qu'à observer les portes de certains services de son hôpital de proximité se refermer et les soignants quitter leurs blouses blanches à cause de suppressions de postes surprenantes et injustifiées. Pendant ce temps-là, le malade, qui de plus est dans une chambre double pour noircir le tableau, a encore le droit de regarder la télévision. Face à un épisode de la série phare du monde hospitalier à l'américaine,  Emergency, il se dira qu'il n'a pas la chance d'avoir un médecin aussi sexy que George Clooney mais qu'il a la chance tout de même d'avoir un système de santé honnête et juste, pas comme celui qui sévit de l'autre côté de l'Atlantique. Hélas, le malade se trompe. La chance ce n'est pas d'avoir un système "moins" pire que les États Unis, la chance c'est d'avoir un système de santé basé sur les principes de l'égalité, le progrès et la solidarité afin que tous les citoyens de ce pays soit égaux face à la maladie.

Tag(s) : #Actualités
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