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C koi ce bordel. C'est la réplique qui définit le mieux notre ami Xavier (Romain Duris). Depuis 15 ans, l'ami Xav balade ses doutes sur la vie aux quatre coins du globe. Barcelone époque Erasmus, première tromperies et premières erreurs. Puis Paris, Londres, Saint-Petersbourg période de la loose à collectionner les sales boulots, les mensonges et les mauvaises filles pour tout de même arriver au but suprême : écrire un roman et trouver par la même occasion LA fille. Mais c'était mal connaître Xav et son créateur (Cédric Klapisch) qui avaient encore envie de faire un bout de chemin ensemble, comme Truffaut et son Antoine Doinel en leur temps.

Cette suite à en voir les salles pleine à craquer, les rires et les applaudissements, c'était bien nous connaître, nous foule de ratés modernes adeptes des erreurs, des cuites et des bons mots sur les situations chaotiques le tout sur grand écran. Revoilà Xav et son bordel. Mais dès les premiers plans, ce n'est plus le Xav tant aimé, le Xav foutraque et maladroit des Poupées Russes, le Xav lâche et propret de L'Auberge Espagnol. Xav est devenu ce qu'on refuse de devenir et ce qui semble pourtant nous attendre au tournant de la trentaine : sage, fidèle, père de famille, bobo à l'appart huppé. Il a épousé la charmante anglaise Wendy, qui n'a pas perdu de sa beauté mais clairement de sa douce folie. Ensemble avec deux enfants, dans un sublime appart, avec des métiers pour faire du fric ils ont perdu la fougue de la trentaine. Mais après un coup de canif dans le contrat venant de la charmante anglaise – qui s'égare dans les bras d'un colosse américain – les choses reviennent vite à la normale : la dispute, la séparation, la garde des gamins et un déménagement à New York. Big Apple, pendant une bonne partie du film, va vite prendre la vedette sur ces personnages. Cédric Klapisch l'habille de son œil unique, clipesque, spécialiste de la géométrie, de la ville de ses hauteurs et ses bassesses, de ses phrases uniques. La Grosse Pomme nous donne envie de croquer dedans, et Xav la croque pour nous, retrouve ses réflexes d'antan. Écrire en nous parlant à nous génération Auberge Espagnole. Faire quelques conneries entre temps (s'envoyer en l'air avec son ex en priorité, malgré la scène culte). Se sentir plus bas que terre, se sentir pousser des ailes, mélancolique et fougueux, têtu et attachant. Xav comme on l'a toujours aimé.

Klaspich et Duris, le duo renoue avec le bordel

Face à lui, le passé revient. Entouré des siens, plutôt des siennes les Wendy (Kelly Reilly), Martine (Audrey Tautou) et Isabelle (Cécile de France), toutes ces poupées russes essayées pour trouver LA bonne, avec elle, Xav tente de réparer les failles de sa vie. Et son créateur ne l'a pas épargné : séparation avec sa femme, galères avec son éditeur, enfant avec sa meilleure amie lesbienne, mariage blanc, sans compter l'ex Martine, l'éternelle chieuse, qui revient le chatouiller. Les réflexes klapischiens tiennent leurs promesses malicieuses : embrouilles, quiproquos, tromperies se casent à merveille dans l'uptown et le downtown de New York . Ultra connectée, ultra enrichie de situations digne d'un bon vaudeville, ce casse-tête est un bon moment passé hors des sentiers battus. Un moment passé avec notre passé commun. Mais une fois à tête reposée, grande adepte du « c'était mieux avant », on se dit que ce Xav là nous émeut moins. Ou qu'il nous émeut sous la contrainte du poids de notre histoire passée. Dingue de ses enfants il ne cherche plus LA fille, dingue de vouloir une fin heureuse il ne nous sert pas un drame comme on les aime, dingue de vouloir retrouver le feu avec la personne qu'on ne lui aurait pas choisi. Ce film rend dingue car encore une fois ce n'est pas seulement Xav que Klapisch croque, mais nous, tout entier. Dans dix ans, s'il le faut on reviendra revoir ces images d'une énergie rare, ces acteurs d'une générosité inégalée et ce Romain Duris, Antoine Doinel des années 2000. Mais pendant dix ans encore, on continuera à avoir un faible incommensurable pour le Xav de ces Poupées Russes.

Casse-tête chinois, bande-annonce

Tag(s) : #Cinéma, #Casse-tête chinois, #Cédric Klapisch, #Romain Duris, #Audrey Tautou
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