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"Je me suis soigné, j’ai grandi. Mais je n’ai pas oublié cette mélancolie. Je l’ai transférée ailleurs, dans le règne des images. J’aime le cinéma, parce que si, selon Truffaut « les films avancent comme des trains dans la nuit », je peux courir à toute allure après eux et monter dans un wagon. Essoufflé, mais extatique d’être dans un monde où les jeunes actrices sont bouleversantes et où on rêves de les aider, où les jeunes premiers et premières sont des doubles magnifiés, où les décors de vaisseau spatial ou de maison de pêcheurs de Saint-Tropez sont nos foyers idéaux. Ces miracles athées, je les recherche dans les magazines, dans les vidéos que je regarde sur Facebook, dans les photos d’archives, dans le porno, dans les séries Z, partout. Je fouille encore et encore. Le monde des images est une mine découverte il y a longtemps, mais où on s’acharne à toujours trouver de l’or. Nous sommes nombreux à ne pas vouloir en sortir, à chercher des pépites. A essayer de décrypter le plan de la mine pour mieux s’y repérer.

Vadimiser

J’ai tout fait pour m’emparer de Vadim. Mais je n’ai pas voulu rendre mesquins les miracles qui se sont produits devant lui : Brigitte Bardot construisant sa splendeur devant le miroir de la rue Chardon Lagache, Brigitte apparaissant réellement au cinéma nue sous le soleil du sud de la France et terminant sa carrière, rééllement encore, dans les flammes de Don Juan 73. Ou Catherine Deneuve et Jane Fonda, transformées par le regard de Vadim en êtres de cinéma. Et toutes les autres comètes, parfois oubliées. Il n’y aura pas d’autre Vadim, cet être léger, magnifique et inconséquent. Il n’y aura plus cette pureté perverse. Par notre faute, nous, les orpailleurs de la modernité. A peine un espoir apparait-il, jeune actrice, écrivain, peu importe que nous mettons à scruter le coup de billard à trois bandes, le retour sur investissement, à anticiper la postérité. Nous avons perdu de notre innocence, de notre faculté à penser que les choses se faisaient parfois par simple désir ou envie subite. Nous avons trop raconté le making-of, les coulisses, les secrets de fabrication, pour penser que la simple recherche du bonheur suffisait. Je ne demande qu’à être mis en tort. Et je continue à chercher."

 

Vadim, le plaisir sans remords de Clément Ghys chez Stock

Tag(s) : #Littérature, #Clément Ghys, #Vadim, #Roger Vadim, #Brigitte Bardot, #Jane Fonda, #sixties
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